Anne-Charlotte Vuccino
Fondatrice de YOGIST - Bien Au Bureau
Anne-Charlotte Vuccino était loin d’imaginer le parcours d’entrepreneure qui serait le sien. Victime d’un grave accident de la route lors d’un voyage humanitaire, elle se rééduque courageusement grâce au yoga, qui devient sa passion. Diplômée d’HEC Paris et consultante en stratégie, elle quitte alors sa carrière pour partir en Inde et parfaire sa maîtrise du yoga. Passionnée également d’entrepreneuriat et d’innovations managériales, elle crée en 2015 Yogist – Bien au Bureau, la première startup de “yoga corporate”, qui s’étend vite à l’international et rentre chez Station F. Entretemps, elle publie “Comme Un Yogist” pour répandre sa philosophie du bien-être partout… même au bureau.
http://yogist.co/ – Yogist – Bien au Bureau: Le spécialiste du yoga corporate
Pour rester en contact:
[00:01:34] Intro – Petit aperçu du parcours d’Anne-Charlotte
[00:04:28] Projet du Moment – YOGIST et yoga corporate – idée et business model
[00:10:44] L’Appel à l’Aventure – De consultante pour des grands groupes à Yogist
[00:14:04] Les Tribulations – Des débuts radieux puis le doute absolu…
[00:18:30] La Révélation et le Triomphe – comment tirer parti des moments de creux
[00:19:56] Les Questions Flash
[00:27:09] Le Bouquet Final – L’importance de trouver le domaine qui vous passionne!
Transcription complète de l'épisode
François Paul Lambert: Notre invitée d’aujourd’hui était loin d’imaginer le parcours d’entrepreneure qui serait le sien. Victime d’un grave accident de la route lors d’un voyage humanitaire, elle se rééduque courageusement grâce au yoga, qui devient sa passion. Diplômée d’HEC Paris et consultante en stratégie, elle quitte alors sa carrière pour partir en Inde et parfaire sa maîtrise du yoga. Passionnée également d’entrepreneuriat et d’innovations managériales, elle crée en 2015 Yogist – Bien au Bureau, la première startup de “yoga corporate”, qui s’étend vite à l’international et rentre chez Station F. Entretemps, elle publie “Comme Un Yogist” pour répandre sa philosophie du bien-être partout…même au bureau!
Tribu Digitale, respirez, détendez-vous, j’ai l’immense plaisir d’accueillir aujourd’hui Anne-Charlotte Vuccino! Anne-Charlotte, bonjour!
Anne-Charlotte Vuccino: Bonjour François!
FPL: Etes-vous prête à nous inspirer?
ACV: Prête, j’ai bien respiré avant de venir.
FPL: Génial! Alors, Anne-Charlotte, je viens de donner un petit résumé de qui vous êtes à la Tribu Digitale. Voulez-vous y rajouter quelque chose? Et est-ce que vous pouvez nous donner un petit aperçu de votre vie personnelle?
ACV: Ma vie personnelle, alors, je suis, à l’origine, pas du tout une business woman. J’ai fait des études de philosophie avant d’intégrer HEC. Ce que j’adore par-dessus tout, c’est le voyage, la découverte d’autres cultures et je pense que c’est pour ça que j’adore le yoga que je suis tombée dedans. Je vis à Paris mais je bouge à peu près la moitié du temps entre des animations de séminaires, des voyages le plus loin possible pour m’inspirer et découvrir d’autres formes de yoga, et je suis entourée de mon équipe yoguiste et aujourd’hui je suis célibataire j’ai 32 ans, pas d’enfant, libre comme l’air. Ce qui me permet du coup de mener mon projet entrepreneurial à bien et à 100% . C’était ça la question?
FPL: C’était parfait! Alors, votre histoire est quand même assez inspirante. Vous revenez de loin, avec votre accident. Mais par contre on voit partout le sourire. On vous voit avec le sourire partout sur Internet. Où trouvez-vous votre énergie, votre positivisme?
ACV: Très concrètement, j’ai quand même failli y passer quand j’avais 20 ans. J’ai fait mourir au fond d’une route de brousse dans le Karnataka au Bénin. Ensuite j’ai failli perdre ma jambe parce qu’on était censé m’amputer parce que j’avais attrapé une très grave infection nosocomiale. Et ensuite on m’a expliqué que j’allais jamais remarcher normalement, alors que je commençais tout juste ma vie de jeune adulte. Et du coup, je pense que quand on est passé si près de la catastrophe, et que finalement on s’en remet à grand renfort d’efforts, de rééducation, de yoga, je pense qu’on donne pas mal de valeur à la vie en général et on s’émerveille un petit peu tous les jours de ce qu’on est capable de faire avec ce corps qu’on a failli perdre. Donc je pense que ça vient pas mal de là. Et puis, de manière beaucoup plus prosaïque, le yoga donne énormément d’énergie.
FPL: Alors justement, on va un peu parler de yoga et de Yogist. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus au sujet de votre projet du moment, et surtout comment l’idée vous est venue, comment vous générez vos revenus? Et pourquoi vous avez choisi ce business model?
ACV: Alors Yogist c’est mon projet depuis maintenant deux ans et demi. Ça m’est venu tout simplement parce que c’est vraiment l’alliance entre mon expérience, mon expertise professionnelle et ma passion personnelle. Lorsque j’étais consultant en stratégie – donc après mon accident je ne pouvais plus évidemment envisager de faire un métier de terrain, je ne pouvais plus faire de l’humanitaire après ce qui m’est arrivé parce que tout simplement je ne pouvais pas marcher ou pas courir s’il y avait un problème sur le terrain – donc j’ai choisi un métier très très sédentaire, derrière un écran et je conseillais des patrons d’entreprise, des managers, des leaders dans leur communication stratégique et dans leurs problématiques managériales. Et j’ai commencé à utiliser avec eux des méthodes, des outils, des techniques que j’avais apprises en yoga et que j’avais utilisées pour ma rééducation. Et du coup c’est là que je me suis rendue compte de l’utilité du yoga. Pas seulement dans sa vie personnelle, pour se rééduquer après un grave accident, mais vraiment dans le monde de l’entreprise, dans les challenges managériaux que les leaders et les dirigeants rencontrent. Et je me suis rendue compte aussi que, lorsque je donnais à mes clients des conseils sur la manière de respirer, de préparer une intervention en public, de préparer une A.G. ou de gérer sa fatigue et son stress, ils m’en étaient beaucoup plus reconnaissants que pour toutes les notes que je leur avais remises, pour tous les PowerPoint et les Excels que j’avais pondus pendant six ans. Donc c’est là que je me suis dit qu’il avait peut-être quelque chose à faire, et que moi ma valeur ajoutée c’était de faire un pont entre le monde du yoga et le monde de l’entreprise.
Je m’étais déjà rendue compte des bienfaits thérapeutiques du yoga lors de ma rééducation, parce que c’est le yoga qui m’a permis de remarcher et de vivre une vie normale sans plus prendre de calmants, de morphine. Mais je me suis rendue compte aussi que son utilité dépassait bien les murs d’un centre de rééducation et que ça allait vraiment être un outil de prévention santé en entreprise, parce que c’est une formidable technique pour prévenir et soulager les impacts du stress, de la mauvaise posture sur sa chaise quand on est assis toute la journée, du travail sur écran quand on abîme ses yeux sur son smartphone ou sur son ordinateur. Et aussi, c’est un merveilleux moyen de diffuser, de décliner des axes de management. C’est un outil de management parce qu’on travaille sur la concentration, sur la créativité, sur le lien au sein des équipes, sur le leadership, sur la manière de gérer ses émotions.
Et évidemment, c’est dans le monde de l’entreprise qu’on en a le plus besoin, en réalité. Parce que c’est dans les entreprises que l’on a le plus de problématiques de management, qu’on a le plus de problèmes liés au stress, à la sédentarité, et c’est aussi dans les entreprises qu’on a le moins de temps de prendre soin de soi, parce que quand vous êtes cadre, manager, ou même salarié, vous n’avez pas le temps d’aller faire votre séance de sport une heure par jour, vous n’avez pas forcément le temps de respirer avant de rentrer chez vous occuper de vos enfants, et donc c’est vraiment là qu’on en avait le plus besoin.
Du coup ce business model, en réalité, je ne l’ai pas choisi de manière très raisonnée ou très rationnelle. C’est simplement ce qui découle de mon parcours à moi, c’est vraiment ma valeur ajoutée, c’est de créer un lien entre l’entreprise et le yoga, et du coup je suis très spontanément allée sur un marché en B2B, grands comptes, assez premium, parce que c’est de là que je viens, et c’est là aussi que j’ai une vraie valeur ajoutée et un vrai moyen de me différencier.
FPL: D’où le nom aussi peut-être de « Yoga Corporate ». Alors je voulais vous demander, – parce que tout le monde a sûrement l’image en tête des cours de yoga très décontractés j’ai envie de dire. Alors, le « Yoga Corporate », comment ça marche, c’est quoi? C’est quoi la différence avec une session de yoga classique?
ACV: Alors le « Yoga Corporate », c’est une méthode que j’ai développée il y a deux ans avec des ostéopathes et des psycho-ergonomes de la médecine du travail, pour vraiment coller au code de l’entreprise, pour aussi s’adapter aux esprits rationnels des collaborateurs, qui n’ont pas forcément envie qu’on leur parle de spiritualité, et surtout pour coller aux besoins, en terme de troubles physiques, troubles musculo-squelettiques des collaborateurs.
Donc très concrètement, ça veut dire que par rapport à une séance de yoga classique, ça se fait tout habillé, en tenue de travail, en costume cravate, si vous en avez, si vous en portez une, sur votre chaise, à votre poste de travail ou en salle de réunion. Donc sans matériel, sans tapis. Sans transpirer. Vous n’avez pas besoin de prendre une douche après et vous n’avez pas besoin de mettre votre jogging ou votre plus beau legging, ce qui peut être disons assez embarrassant entre collègues. Et puis en termes de pédagogie on fonctionne par parties du corps. On a développé dix étapes pour toutes les parties du corps qui souffrent de la sédentarité, du stress et aussi pour toutes les situations de travail et du coup le vocabulaire est complètement différent aussi d’une séance de yoga normale, puisqu’il n’y a pas de chakra, il n’y a pas de sanskrit, il n’y a rien ésotérique et on parle vraiment de choses liées au travail et au monde de l’entreprise.
FPL: Alors Anne-Charlotte, je suis un peu obligé de vous demander: est-ce que vous avez un petit conseil yoga rapide pour nos auditeurs et auditrices?
ACV: Des conseils yoga rapides, il y en a plein, il y en a partout. C’est vraiment l’objet de mon livre que j’ai publié, qui s’appelle « Comme un Yogist », et qui est la méthode que j’ai développée, que j’ai transformée sous forme de livre, mais je pense que la première chose à dire à tout le monde, et dans n’importe quelle situation, c’est de respirer. La respiration, c’est ce qui est au centre du yoga. C’est ce qui différencie le yoga de toute autre discipline sportive ou physique. C’est là-dessus qu’on insiste le plus, et c’est ce qui est le plus important pour vous quand vous travaillez, que vous soyez en entreprise, dans un studio de radio ou chez vous un auto-entrepreneur. C’est votre meilleur outil pour gérer votre stress, vos émotions, pour gérer votre énergie et votre fatigue.
Donc dès que vous prenez la parole en public, dès que vous avez une décision importante à prendre, dès que vous recevez un email agressif et que vous avez envie d’y répondre au tac au tac de manière tout aussi agressive, dès que vous avez envie d’emplafonner un client, un patron, un collègue, pourquoi pas un enfant, la respiration c’est vraiment ce qui va vous permettre de rester calme et maître de vos émotions dans absolument toutes les situations. Et je pense que c’est la première qualité qu’on demande à un entrepreneur finalement.
FPL: Tribu Digitale, respirez! Et gardons ça à l’esprit, parce que nous allons maintenant explorer le parcours entrepreneurial de Anne-Charlotte, son aventure en tant qu’entrepreneure, le voyage qui l’a amené là où elle est aujourd’hui. Alors Anne-Charlotte, commençons par cette question. Nous l’appelons l’Appel à l’aventure. Quand avez vous su, au fond de vous, que vous vouliez devenir entrepreneure, que vous vouliez lancer votre affaire?
ACV: Concrètement je n’ai jamais jamais rêvé d’être entrepreneure. J’avais plein d’idées sur la manière de dépenser un argent qui tombait très régulièrement sur mon compte en banque. Ça, je savais très bien faire, mais en revanche, sur la manière de gagner des sous, j’avais pas beaucoup d’idées. J’y pensais vraiment vraiment pas du tout en me rasant le matin. Je pensais vraiment que c’était pas fait pour moi, et que moi j’étais la salariée parfaite et modèle. En revanche, lorsque j’ai quitté mon job de consultante en stratégie au bout de six ans, je suis allé faire un petit tour dans une entreprise digitale qui s’appelle Webedia, c’est un grand groupe de web, et je m’occupais des opérations d’un site Internet que tout le monde connaît qui s’appelle AlloCiné, et donc là je m’occupais vraiment de grands projets transverses du système d’information. Et en réalité, je me suis rendue compte que, au bout de quelques semaines quelques mois, j’avais parlé à mes nouveaux collègues du fait que je faisais beaucoup de yoga, et ils venaient très régulièrement à la pause me voir après en me disant: « Dis donc toi tu t’y connais en yoga, tu peux m’aider peut-être, parce que j’ai du mal à dormir, j’ai mal au dos, j’ai mal à la tête après avoir travaillé toute la journée sur un écran ». En général, c’était des développeurs ou des codeurs. « Mais je ne sais pas dans quel studio de yoga aller, j’habite loin. Je n’ai pas le temps, je suis finis tard le soir. Je suis souple comme un bout de bois. Qu’est-ce que tu me recommandes? Où est-ce que je peux commencer le yoga? » Et c’est là que je me suis rendue compte qu’en fait, ils avaient absolument besoin d’une offre qui soit adaptée, et puis d’une aide qui soit vraiment adaptée à leur mode de travail, puisqu’ils travaillent beaucoup, et que moi j’étais beaucoup plus passionné par le fait de répondre à ces questions sur le yoga, que par choisir le mode de transfert d’un flux en format JSON ou html, en gros. Et donc je me suis dit « tiens, peut-être que ta valeur ajoutée et ta vocation, c’est pas forcément de rester dans le Web ou de gérer des grands projets avec des grands corporate ». C’est vraiment d’aller apporter un peu de bien-être et des techniques vraiment efficaces dans ce monde-là, que tu connais bien. Donc je pense que c’est là que s’est fait le déclic et c’est après six mois dans cette grande entreprise web que j’ai décidé de tenter le coup, de prendre mon envol, de partir en Inde former avec le soutien de mon patron de l’époque, qui était entrepreneur lui aussi, qui avait fondé cette entreprise quelques années avant, et qui m’avait dit « écoute, je sens bien que t’as une vraie envie d’entreprendre, parce que ça te correspond et parce que ce que ce projet te parle. Donc je ne vais pas essayer de te retenir, et si je peux je vais essayer de t’aider, te coacher, et te donner les moyens de réussir ». Donc quand vous avez un alignement de planètes pareil, normalement vous ne réfléchissez pas à deux fois et vous vous lancez.
FPL: Donc vous n’avez pas trop réfléchi, vous n’avez pas trop hésité, en fait. Une fois que vous avez senti cette passion, ce tournant, vous êtes partie et vous vous êtes lancée, finalement.
ACV: Oh ben si, j’ai tourné ça dans ma tête des soirées et des soirées entières, j’ai pas dormi de la nuit. J’en ai parlé à plein de gens, j’hésitais, je savais pas. Mais à partir du moment où vous en parlez à votre boss et qu’il vous dit d’y aller, là vous pouvez plus reculer, en fait. Donc il y a un moment où effectivement il faut arrêter de réfléchir, il faut oser. En réalité, c’est souvent le premier pas qui est le plus difficile et ensuite ça flow, ça coule.
FPL: Voilà. Alors maintenant, Anne-Charlotte, alors la vie d’un entrepreneur est quelque chose, c’est une expérience très enrichissante, mais c’est aussi une expérience difficile. Et les entrepreneurs passent tous par des moments difficiles. Alors je voudrais que vous nous parliez un peu de votre pire moment en tant qu’entrepreneure. Alors, on parle souvent de l’échec chez les entrepreneurs. Dans certaines cultures comme chez les américains, l’échec est plutôt vu comme un moteur de la réussite. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça? Et racontez-nous quel était votre pire moment en tant qu’entrepreneure.
ACV: Il y a un truc qu’on dit pas mal en France en ce moment, c’est typiquement quand les fondateurs d’une entreprise arrêtent de toucher le chômage et qui se retrouvent vraiment en zone de risque, sans aucune, sans aucun filet de sécurité, et sans plus aucune économies, que l’entreprise, la startup en question explose. Je suis assez d’accord avec ça.
C’est-à-dire que, c’est vraiment quand vous avez touché le fond et que vous n’avez plus du tout de backup, et plus d’autres solutions pour vous en sortir, que vous faites preuve d’une immense créativité, de beaucoup de réactivité, et que vous trouvez des solutions pour vous en sortir. Moi c’est un petit peu ce qui s’est passé parce que en réalité, quand j’ai monté ma boîte il y a deux ans, tout s’est bien passé. Très vite je suis allée voir mes anciens clients de lorsque j’étais consultante et ils m’ont tous dit « C’est génial ton truc. Viens on teste dans nos boîtes », et donc très vite j’ai trouvé des premiers clients. J’ai eu pas du tout problème à recruter une équipe de professeurs fantastiques, que j’ai formés à ma méthode et qui enseignaient pour moi dans les entreprises. J’ai trouvé un éditeur qui a publié mon livre au bout de deux mois. J’ai produit mon programme de eLearning en vidéo pour en faire un programme digital pour le diffuser dans les organisations, avec assez de facilité et un mois après avoir créé ma boîte je suis passée sur BFM Business avec Stéphane Soumier, ce qui est un peu le Graal pour tout entrepreneur.
Donc les débuts avaient été assez faciles. Et en réalité, c’est au bout d’un peu plus d’un an je m’étais dit: si je survis à cette première année d’entrepreneuriat, je partirai en Australie pour voir s’il y a pas quelque chose à faire là-bas pour m’inspirer de ce qu’ils font en termes de vie privée, de vie professionnelle, et c’est ce que j’ai fait. Je suis partie en Australie en décembre dernier. J’y ai passé trois semaines, je suis revenue hyper inspirée, hyper combative, trop heureuse, et là j’arrive à Paris, on est à la fin du mois de janvier 2017. C’est la période avant les élections. On sait pas du tout à quelle sauce on va être mangé. On ne parle pas encore énormément du bien-être au travail. Les entreprises commencent à s’inquiéter et là, j’ai mes trois clients pérennes, réguliers, mes trois plus gros clients qui me lâchent, tous les trois en même temps. Et le téléphone s’arrête de sonner complètement pendant deux mois, alors que jusqu’à présent j’avais vécu uniquement grâce à des appels entrants. Donc, entre temps d’ailleurs je me fais plaquer par mon copain de l’époque, c’était vraiment on touche le fond, j’attrape la grippe, enfin vraiment c’est l’horreur. Je suis au fond, au fond du trou et ça, ça dure à peu près un mois où mois de février et mars début avril 2017, je fais zéro euro de chiffre d’affaires et j’ai encore des coûts fixes, j’ai une stagiaire etc. Donc je me dis: Bon qu’est-ce qu’on fait, qu’est ce qui se passe? J’ai touché le fond. On va tous mourir, est-ce qu’il faut fermer boutique ou est-ce qu’il faut serrer les dents et attendre que ça s’améliore?
Et c’est typiquement dans ce genre de moments-là qu’il y a un truc qui tombe du ciel. Et moi typiquement ça a été M6 qui m’appelle en me disant « bonjour, on vous a trouvé sur internet, on fait un sujet sur le bien-être des entreprises. Est-ce que vous voulez tourner dans notre reportage? » Evidemment je réponds « oui ». On tourne dans le reportage de M6, et ensuite ça s’enchaîne: puisqu’on est passé sur M6, il y a une ou deux radios qui m’appellent la semaine suivante, un ou deux médias qui veulent faire un portrait etc. Et là, ça repart complètement. Le téléphone se remet à sonner, on arrive à la période des élections, c’est Emmanuel Macron qui passe, on évite la catastrophe. Du coup les entreprises recommencent à mettre des sous et à allouer des budgets dans des projets qu’ils avaient gelés jusqu’à présent, et la machine se réenclenche. Mais c’est typiquement à ce moment-là, quand vous pensez avoir touché le fond, quand vous arrêtez de toucher le chômage, que vous n’avez plus aucune économie, quand vos clients pérennes qui vous faisaient vivre jusqu’à présent vous lâchent, que vous attendez un petit miracle. Vous trouvez aussi de bonnes résolutions de bons moyens de préparer la suite. C’est dans ces moments de creux qu’il faut en réalité investir pour préparer le moment où ça va repartir, pour que vous soyez prêt à avoir une offre, se caler et diffuser plus largement.
FPL: Alors Anne-Charlotte, si vous pouviez résumer la leçon-clef que vous avez retirée de cette expérience, quelle serait-elle. Je veux dire, en quelques mots, que pensez-vous que la Tribu Digitale doive retenir comme leçon de cette expérience? La leçon-clef que je retiens de cette expérience, c’est que quand tout va mal,
ACV: Ne vous inquiétez pas, ça va aller mieux et dans ces cas-là, il vaut mieux être préparé. Donc c’est quand tout va mal qu’il faut investir, dépenser de l’argent pour préparer la suite. C’est à ce moment-là que j’ai mis mon programme de e-learning sur une plateforme pour pouvoir aller toucher des clients plus nombreux. C’est à ces moments-là que je me suis mise à recruter des gens pour faire du développement commercial, pour m’appuyer. C’est à ces moments-là que j’ai commencé à avoir l’idée de développer mon projet et ma méthode à l’international, et que j’ai commencé à travailler sur la création de mes filiales au Brésil et à Londres. Alors que clairement tous les indicateurs étaient au rouge.
C’est à ce moment-là en réalité que, comme vous n’avez pas le temps, vous avez plein de temps libre puisque vous n’êtes pas pris par la production, puisque par définition vous n’avez pas de clients, ben vous avez plein de temps pour préparer l’avenir et que comme ça, quand ça ira mieux, vous aurez plein plein de choses qui seront déjà prêtes à shooter et à imploser.
Et c’est vraiment ce qui s’est passé pour moi. Donc c’est quand vous pensez qu’il faut rentrer de la toile et diminuer les coûts, c’est justement là qu’il faut mettre un coup de collier, et investir pour que ça puisse marcher, deux mois, six mois, un an après.
FPL: Tribu Digitale, soyez toujours préparés. Investissez pour couvrir les imprévus. Merci beaucoup Anne-Charlotte. Nous sommes maintenant arrivés à la partie des questions flash. Ici je vous pose une série de questions en rafale et vous me répondez en allant à l’essentiel. Est-ce que vous êtes prête?
ACV: Oui!
FPL: Quelle est votre définition du succès?
ACV: Ma définition du succès, ça serait: quand vous avez pas besoin d’aller chercher vos clients, mais que c’est vos clients qui viennent à vous.
FPL: A quoi ressemble votre journée type?
ACV: Je me lève assez tôt, le plus tôt possible pour pouvoir faire au moins une heure de yoga le matin. Je pars à la station F en passant plein de coups de fil au volant, et c’est pas recommandé. Attention ne faites pas ça si vous n’avez pas Bluetooth. Je vois mes équipes qui sont basées là-bas, on fait le point sur sur les projets en cours et ce qu’il y a à organiser entre nous, et la plupart du temps, j’enchaîne entre 4 et 7 à 8 rendez-vous dans la journée, en allant voir soit des prospects soit des clients, en donnant aussi des interventions, pas mal de conférences en entreprise. Et donc en général, ça ne s’arrête jamais jusqu’à à peu près 20h. Et j’ai pris une résolution depuis que je suis rentrée en septembre dernier, c’est de ne plus travailler le soir, ce qui était mon lot d’avant, mais là c’est fini, il faut vraiment prendre soin de soi et une professeure de yoga corporate au bord du burn out, je ne pense pas que ça soit un très bon signal donc je ne travaille plus après 20 heures.
FPL: Si vous deviez recommander un livre pratique quel serait-il? Et pourquoi?
ACV: C’est horrible la réponse que je vais donner, je vais recommander mon propre livre, qui s’appelle « Comme un Yogist », et qui contient tous les exercices que vous pouvez faire à votre bureau, dans votre journée de travail par partie du corps, et dès que vous en avez besoin, de manière hyper simple et en cinq minutes. Et toute la première partie de ce livre, c’est vraiment sur l’hygiène de vie qu’il faut adopter quand on veut menez une vie beaucoup trop rapide, beaucoup trop surmenée, que vous n’avez pas le temps de manger correctement, de dormir correctement. Inspirée du yoga et de l’ayurveda évidemment, mais surtout adaptée à notre vie moderne. C’est disponible à la Fnac, sur Amazon, dans toutes les bonnes librairies.
FPL: Tribu Digitale, nous mettrons évidemment sur le site internet toutes les références du livre et les liens pour le trouver facilement. Quels outils ou applis productivité ou autres, utilisez-vous régulièrement?
ACV: Mes équipes trouvent qu’on a beaucoup trop d’outils, mais au final on s’y fait et c’est vraiment précieux. On utilise Slack pour échanger entre nous. J’insiste vraiment pour qu’on ne s’envoie plus d’emails au sein de l’équipe. Les emails sont réservés aux messages sortants ou aux échanges avec les clients, les prospects et le Slack c’est vraiment pour tous nos échanges en interne. Ensuite, j’utilise une appli de to-do, une to-do list qui s’appelle WunderList, j’espère que je prononce bien, et qui permet en fait de diminuer la charge mentale. Parce qu’en réalité, quand vous avez encore votre to-do list dans votre tête, vous y pensez toute la nuit en espérant ne rien avoir oublié. Dès que vous commencez à noter votre to-do list dans une appli qui vous fait des appels, et grâce à laquelle vous pouvez assigner des tâches, par exemple à vos collaborateurs, binairement ça vous libère de l’espace disque, et vous pouvez vous occuper d’autre chose en sachant que vous aviez tout bien noté que vous allez la faire diminuer progressivement, cette appli. Donc rien de hyper innovant, mais en tout cas c’est la base.
FPL: Qu’est ce qui vous inspire ou vous passionne en ce moment? Quels sont les domaines qui vous paraissent prometteurs?
ACV: En ce moment ma marotte c’est vraiment la manière de croître et de se développer à l’international. J’ai vraiment une problématique et un truc qui me passionne et qui est au centre des débats en moment, c’est la problématique de la croissance pour les startups qui passent aujourd’hui, en tout cas on en a l’impression, uniquement par des levées de fonds, souvent sans commune mesure avec la vraie valorisation de la boîte, et qui est un facteur de succès ou de réussite aux yeux de tout le monde. Alors que moi j’ai vraiment fait le pari, et j’ai vraiment pris le parti dès le départ de me lancer sans aucun apport au financement externe, avec seulement mon épargne personnelle, et de croître de manière organique en auto-financement, grâce à un concept et grâce à des clients. Et aujourd’hui, alors que suis entourée uniquement de startups qui cherchent à lever des fonds de plusieurs millions d’euros alors qu’ils n’ont même pas encore de produits ou de clients, je me dis, je me demande: est-ce qu’on peut réussir, croître, devenir pérenne et scalable sans mettre d’essence dans le moteur, sans faire appel à des financements extérieurs?
Et c’est une problématique qui est encore plus importante quand on décide de se lancer à l’international et d’ouvrir des filiales, ce que je suis en train de faire. Et du coup c’est vraiment là-dessus que je me concentre pas mal, c’est sur cette question-là que j’échange énormément avec les personnes autour de moi et sur laquelle je lis encore plus. C’est pas très fun, c’est assez sérieux, mais typiquement ça va être l’objet du Kitesurf Business Camp dans laquelle je suis invitée le mois prochain. J’ai gagné un concours de startups par un réseau qui s’appelle Kite & Connect, et qui rassemble des entrepreneurs passionnés de kitesurf, et qui m’emmène à Madagascar pendant dix jours pour faire du kite surf alors que j’en ai jamais fait de ma vie, mais surtout pour échanger autour de problématiques d’entrepreneuriat, de business, de croissance. Et donc j’espère bien que ce genre d’échanges avec des entrepreneurs aguerris pourra m’aider à résoudre ces questions-là sur laquelle il est de plus en plus de d’information de littérature aujourd’hui. Voilà c’est ça qui m’occupe.
FPL: Et la dernière, c’est la question « Back in Time », c’est ma préférée. Imaginons que vous ayez l’opportunité de remonter le temps et vous vous retrouvez face à votre « vous » de 18 ans. Vous n’avez que cinq minutes avant que le portail temporel ne vous ramène au présent. Avec l’expérience que vous avez maintenant, que vous diriez-vous? D’un point de vue pratique, quels plans ou conseils précis donneriez-vous à votre jeune alter ego pour réussir, et qui n’implique pas d’acheter des billets des paris sportifs ou d’investir en Bourse. Ce serait trop facile.
ACV: Moi je me dirais tout simplement à mon mois de 18 ans: change rien. Fais, trace ta route et suis ton chemin exactement comme tu l’as fait jusqu’à présent. N’évite pas d’aller au Bénin, n’évite pas ton accident parce que finalement c’est ça qui a mis sur la voie de ton nouveau, ton nouveau métier même si tu a failli passer. Fais ce que tu as faire et c’est ce chemin-là qui rétrospectivement t’amènera là où tu en es aujourd’hui. Donc même avec tes insécurités, même avec tes doutes. Je sais qu’à 18 ans, je savais pas du tout ce que je voulais faire. Je voulais faire de la philosophie. Finalement j’ai fait du business, finalement j’ai fait du management international. Finalement j’ai fait du conseil, finalement je fais du yoga. Mais c’est pas grave, ça a l’air complètement décousu comme ça, mais au final le parcours est complètement cohérent.
Donc non, mon conseil à mon « moi » de 18 ans c’est « change rien. T’inquiète pas ça va bien se passer ».
FPL: Tribu Digitale, ne changez rien, faites vos expériences. Découvrez votre chemin en prenant les opportunités, malgré vos doutes et vos peurs. Anne-Charlotte, j’espère que j’ai bien résumé…
ACV: C’est mieux dit que je ne l’aurais dis moi-même. Je suis limite vexée, donc merci François.
FPL: Mon but est de résumer. Anne-Charlotte, merci! Nous sommes maintenant arrivés à la fin de l’épisode. Merci d’avoir partagé généreusement toutes ces informations avec nous. Tribu Digitale, j’espère que vous avez bien pris note. Je sais qu’il y en a parmi vous qui hésitent encore à se lancer et j’espère que l’aventure d’Anne-Charlotte vous inspirera à faire le grand saut. A ce titre Anne-Charlotte, pour le mot de la fin: que diriez-vous à nos auditeurs de la Tribu Digitale qui hésitent encore à se lancer en tant qu’entrepreneur ou qui se sont bloqués? Si vous aviez un seul conseil à leur donner quel serait-il?
ACV: Si vous devez vous lancer, prenez soin de le faire dans un métier, dans un secteur d’activité, dans un produit qui vous passionne. Parce que l’entrepreneuriat, c’est ultra dur. Donc si vous vous levez pas le matin avec l’envie d’y aller parce que ce secteur d’activité vous passionne, vous tiendrez pas six mois. En revanche, si votre projet d’entrepreneuriat met vraiment en correspondance votre passion – ça peut être l’équitation, la bouffe, j’en sais rien, les paris en ligne, ça peut être n’importe quoi – et votre expertise, c’est-à-dire ce que vous savez faire, si ça connecte pas ce que vous savez faire, ce à quoi vous êtes bon, et ce que vous aimez ou ce que vous aimez faire, ben c’est pas la peine, parce que ça va être trop dur et vous aurez pas cette inspiration et cette cohérence-là. Je pense que vraiment, le jour où vous vous lancez, il faut que ça soit dans votre passion et en lien avec votre expertise. C’est le seul conseil que j’ai à vous donner et si vous avez trouvé cet alignement-là, réfléchissez pas plus que ça. L’argent ça se trouve, l’accompagnement ça se trouve, les idées ça se trouve. Faut y aller, sauter le pas, mais une fois que vous avez rempli ce premier critère fondamental je pense.
FPL: Tribu Digitale, trouvez un secteur qui vous passionne, connectez-le à votre expertise, et les deux ensemble si vous pouvez solutionner un problème dans le monde, je pense que là on a une bonne recette. Anne-Charlotte, vraiment, merci! Ce fut un plaisir et un honneur de vous avoir parmi nous aujourd’hui. Avant de nous quitter, dites-nous comment rester en contact avec vous, sur les réseaux sociaux ou ailleurs. Et si vous avez une annonce à faire, la Tribu Digitale vous écoute.
ACV: Alors on est super actifs sur les réseaux sociaux, on poste tous les jours parce qu’on aime bien donner des informations pas seulement sur le yoga, mais aussi sur la vie de Yogist. Donc on est sur Instagram, sur Facebook, sur LinkedIn, sur Twitter: Yogist, Bien Au Bureau. Et aujourd’hui, l’annonce que j’ai à faire, c’est qu’après le lancement officiel de notre filiale au Brésil à San Paolo au mois d’août, aujourd’hui on lance officiellement notre filiale au UK, au Royaume-Uni à Londres, avec un événement, donc vous pouvez suivre aussi les actualités de Yogist Bem no Trabalho au Brésil et de Yogist Well at Work au Royaume-Uni.
Donc n’hésitez pas.
FPL: Tribu Digitale, vous venez d’entendre Anne-Charlotte Vuccino partager vous son expérience et ses conseils, c’est à vous de jouer maintenant. Rejoignez-nous sur revolutiondigitale.fr et tapez « Anne-Charlotte » dans la barre de recherche: vous aurez accès à sa page dédiée avec toutes les informations et les références dont nous avons parlé aujourd’hui. Et bien sûr, n’oubliez pas de visiter la page d’Anne Charlotte sur yogist.co et de la suivre sur ses réseaux sociaux.
Anne-Charlotte, merci encore d’avoir partagé votre aventure avec la Tribu Digitale. Au revoir, et je vous retrouve en backstage.
ACV: Merci François.
1. PRÉPAREZ-VOUS, INVESTISSEZ DANS LES MOMENTS DE CREUX. C’est dans ces moments qu’il faut investir pour préparer le moment où ça va repartir, pour que ça puisse marcher, deux mois, six mois, un an après. Et c’est souvent quand vous avez touché le fond que vous aurez la plus grande réactivité et créativité.
2. RÉFLÉCHISSEZ À LA CROISSANCE DE VOTRE PROJET. De nombreuses entreprises passent uniquement par des levées de fonds, qui est souvent un facteur de succès ou de réussite aux yeux de tout le monde. Demandez-vous si vous pouvez réussir, croître, devenir pérenne, sans faire appel à des financements extérieurs.
3. ALIGNEZ VOTRE PROJET AVEC CE QUI VOUS PASSIONNE. Si vous devez vous lancer, faites-le dans un métier, dans un secteur d’activité, dans un produit qui vous passionne. L’argent, l’accompagnement, les idées, ça se trouve ensuite
BONUS: le conseil de Yogist: RESPIREZ, c’est votre meilleur outil pour gérer votre stress, vos émotions, pour gérer votre énergie et votre fatigue; c’est ce qui est le plus important pour vous quand vous travaillez, que vous soyez en entreprise, dans un studio de radio ou chez vous un auto-entrepreneur.
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AUTRES
Autres resources mentionnées durant l’épisode (événements, sites web, etc.)