Arbia Smiti

Fondatrice de Carnet de Mode

Arbia Smiti a trouvé son inspiration en conciliant sa passion pour la mode et le digital. Fonceuse et déterminée, elle quitte la Tunisie pour terminer ses études en ingénierie puis en marketing, et débute son parcours chez l’Oréal. Visionnaire et décidée à entreprendre, elle imagine en 2011 Carnet de Mode, une plateforme de crowdfunding permettant à des centaines de petits créateurs de financer leurs futures collections. Un an plus tard, la startup devient la première marketplace internationale pour les marques émergentes de mode. Entrepreneure accomplie, elle décide en 2017 de se lancer dans une nouvelle aventure Tech, et savoure son bonheur de créer un projet tout neuf.

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COMPTE-RENDU DE L’ÉPISODE

01:34 Intro – À propos de Growth Hacking
04:35 Projet du Moment – Carnet de Mode: du Crowdfunding à la Market Place
11:07 L’Appel à l’Aventure – la quête de la liberté
16:33 Les Tribulations – Se remettre en question, pivoter, se relever
21:05 La Révélation et le Triomphe – Bien s’entourer et se reconstruire en mieux
24:26 Les Questions Flash
34:32 Le Bouquet Final – La saut à l’élastique

Transcription complète de l'épisode

Transcription réalisée avec l’aide d’Happy Scribe

François Paul Lambert: Notre invitée d’aujourd’hui a trouvé son inspiration en conciliant sa passion pour la mode et le digital. Fonceuse et déterminée, elle quitte la Tunisie pour terminer ses études en ingénierie puis en marketing et débute son parcours chez L’Oréal. Visionnaire est décidée à entreprendre elle lance en 2011 « Carnet de mode », une plateforme de crowdfunding permettant à des centaines de petits créateurs de financer leurs futures collections. Un an plus tard, la startup devient la première Market Place internationale pour les marques émergentes de mode. Entrepreneure accomplie, notre invitée décide en 2017 de se lancer dans une nouvelle aventure Tech et savoure son bonheur de créer un projet tout neuf! Tribu Digitale, je suis très honoré d’accueillir Arbia Smiti ! Arbia, bonjour! Merci d’être avec nous aujourd’hui. Est ce que vous êtes prête à nous inspirer?

Arbia Smiti: Avec plaisir ! Si je peux !

FPL: Génial. Je viens de donner un petit résumé de qui vous êtes à la Tribu Digitale. Est-ce que vous voulez quelque chose et avant de nous parler de vos projets, pourriez-vous nous donner un petit aperçu de votre vie personnelle ou peut être une anecdote sur qui vous êtes, quelque chose qu’on ne sait pas sur vous?

AS: Je ne sais pas si il y’a quelque chose que vous ne connaissez pas sur moi… pour reprendre du début, je suis de formation ingénieur. Que j’ai complété justement par un Master en marketing et communication à l’ESCP justement pour sortir un peu de ce milieu industriel et masculin qu’est un ingénieur, et ajouter une deuxième corde à mon parcours et c’est là où j’ai intégré L’Oréal, en marketing. J’ai eu l’idée de lancer mon aventure entrepreneuriale à partir de fin 2010 début 2011 qui est Carnet de mode. Après tout ce que vous avez dit sur les débuts de Carnet de Mode en tant que première plateforme de crowdfunding qui s’est transformée justement en première MarketPlace pour les jeunes créateurs est parfaitement juste.

FPL: A la base vous êtes vous êtes spécialisée dans le marketing. En tout cas c’est l’impression que l’on a de votre parcours et j’ai vu sur votre profil LinkedIn que vous aviez de l’expérience dans le Growth Hacking. Je suis très curieux. C’est quoi le Growth Hacking. Comment ça vous a servi?

AS: Alors le Growth Hacking c’est tout simplement du business développement : comment on va faire ou on va développer notre business, faire du gross donc de la croissance mais avec le mot hacking. C’est un peu plus intelligent ou plus rapide. On a justement des leviers existants aux traditionnels depuis toujours pour développer son business donc on va justement chercher en tant qu’entrepreneur des raccourcis de manière plus rapide, moins coûteuse parce que quand on est entrepreneur on commence avec zéro, et le but justement c’est de créer de la valeur en partant de zéro.

FPL: Oui et vous avez utilisé cette technique pour Carnet de Mode que vous appelez votre « premier bébé professionnel ». En tant qu’entrepreneur pouvez-vous nous parler un peu de Carnet de Mode, et plus particulièrement comment vous générer vos revenus? Et pourquoi vous avez choisi ce business model particulier?

AS: Carnet de Mode c’est une Market Place donc une place de marché en ligne qui permet à des jeunes créateurs de pouvoir créer leur propre E-shop, leur propre canal de distribution digitale, directement sur la plate-forme et vendre leurs collections directement au client final. Donc c’est du B to C. ou si alors que des créateurs en général se concentrent les premières années de l’existence de leur marque sur la création de collections et la distribution physique et ne maîtrise absolument pas le canal digital. Donc avec Carnet de Mode, on a voulu créer ou offrir d’abord un outil technologique très innovant qui leur permet d’avoir un tableau de bord très facile et ergonomique à utiliser un peu entre un Shopify et un Wix pour les connaisseurs de l’e-commerce et des CMS Open Source qui existent aujourd’hui, et permet donc de gérer leur facturation, leurs commandes, leurs stocks et leurs relation messagerie avec les clients totalement de manière automatique et très facile à utiliser, sans avoir besoin d’avoir une équipe technique et pouvoir le faire soi-même. L’idée c’était au départ d’offrir un outil technologique innovant pour tout jeune créateur et qui a un talent pour pouvoir justement vendre ou créer en tout cas son e-shop instantanément ou en quelques minutes et pouvoir vendre ses collections au client final. Sauf que le business model au départ qui s’est voulu très « B to B » parce que nous sommes une start-up très technologique concentrée justement sur la création de cette technique innovante. On ne pouvait pas justement vendre cette technologie à une cible comme les créateurs qui n’ont pas les financements nécessaires pour commencer sur ce canal digital et même pour se lancer au départ. J’ai privilégié justement un business model plutôt « B to C » tout en leur offrant la technologie de manière totalement gratuite et les verrouiller sur une même plate forme qui s’appelle carnetdemode.com qui justement englobe tous les échoppes de ces créateurs là qu’on valide et que l’on sélectionne avec soin par rapport à leur talent et justement les aider à faire du marketing et de la communication sur notre plateforme pour justement pouvoir attirer du trafic et vendre directement aux clients et notre business model donc c’est de prendre des commissions sur les ventes. C’est donc un modèle de business B to C sur une plateforme très technologique, plutôt constituée B to B au départ. Je ne sais pas si c’est assez clair?

FPL: Si, si tout à fait et d’ailleurs pour notre audience, le B to B / B to C on parle de Business to Business et to Business to Customer. Mais bon vous n’avez pas commencé tout de suite avec un concept de Market Place. Vous avez commencé avec une plateforme de crowdfunding c’est bien ça? Est-ce que les choses ont changé vous pensez depuis le moment où vous avez pivoté?

AS: Complètement ! Il faut reconstituer les choses chronologiquement. En 2011, le concept de crowdfunding n’était absolument pas connu par les Français. Je l’ai vu en fait depuis Kickstarter aux Etats-Unis et je voulais être parmi les premières à apporter en ça France. à l’époque, il n’y avait qu’une seule plateforme qui utilisait le crowdfunding, My Major Company, c’était dans la musique, et je voulais justement apporter le même concept ou business model, pour la mode, pour aider justement les jeunes créateurs qui commencent et qui ont du talent. Et c’est vrai que l’on se rend compte très rapidement que même si le concept a bien buzzé et c’était très intéressant justement d’être très innovant et d’être le premier à apporter ce concept là en France, on se rend compte que le time-to-market est un peu tôt. Pour une start-up c’est très important d’arriver au bon timing. Au bon time-to-market, ni trop tôt, ni trop tard. C’est pour ça qu’on a pivoté. D’ailleurs comme toute start up qui doit pivoter plusieurs fois jusqu’à trouver son bon business model. C’est ce qui est arrivé à partir de 2013 on a pivoter de la plateformes de crowdfunding à la mode à une marketplace avec un business model différent.

FPL: Génial et alors, je suis obligé de vous demander une petite question, un petit conseil pratique à donner à la Tribu Digitale pour celles et ceux qui voudraient lancer un business en ligne ou une Market Place dans un autre domaine? Un petit un petit conseil pratique rapide qu’ils peuvent mettre en œuvre directement ? Quelque chose à éviter ou à mettre en place ?

AS: Le Conseil qui est vraiment très important que je donnerais à ces entrepreneurs en tout cas, ceux qui veulent entreprendre dans le e-commerce ou dans le digital c’est vraiment de ne pas essayer de réinventer la roue, parce qu’il y a énormément de choses déjà qui existent tant que de toutes les façons, votre business model n’est pas basé sur une technologie innovante que vous devez vendre aux clients, donc ce n’est pas votre produit, la techno c’est juste une application, un Use case qui utilise la technologie, il vaut mieux gagner tellement de temps en utilisant ce qui existe sur le marché et se concentrer sur la création de valeur et le « proof of concept » en faisant du chiffre d’affaires et en faisant de l’acquisition client avant même de passer énormément de temps et se perdre dans les rouages et les problématiques technologiques qui prennent beaucoup de temps et prennent beaucoup d’argent au départ. Et ce n’est pas ça qui va vous faire votre chiffre d’affaires. Voilà mon conseil. ça fait partie du growth hacking qu’il faut faire. Donc aller très vite. Faire du « quick and dirty » c’est ce qu’on appelle faire du rapide, pas cher ou gratuit pour tester le marché et comprendre et voir si vous êtes sur la bonne voie au niveau de votre business model et que vous apportez vraiment une solution à un « pain point », à une vraie problématique du marché et ensuite, vous pouvez lever des fonds ou avoir de l’argent nécessaire pour peaufiner votre technologie et en créer une plus intéressante. Mais faire ça au départ, se mettre sur la techno avant même de tester si votre business model pourrait marcher…ça peut vraiment tuer votre boîte et vous prendra tout.

FPL: Voilà. Merci beaucoup Arbia pour ces belles pépites. Tribu Digitale, gardons cela à l’esprit car nous allons maintenant explorer le parcours entrepreneurial d’Arbia, son aventure en tant qu’entrepreneure, le voyage qui l’a amenée là où elle est aujourd’hui. Commençons par cette question. Nous l’appelons l’Appel à l’Aventure: Quand est-ce que vous avez su au fond de vous que vous vouliez devenir entrepreneure? Et si vous ne vous êtes pas lancée tout de suite, qu’est-ce qui vous a retenue?

AS: Pour être honnête je pense que je voulais être entrepreneure depuis toujours. Sauf que je ne savais pas que ça s’appelait entrepreneuriat. C’est juste en fait la quête de la liberté. Vouloir créer quelque chose « d’impactful », donc avoir un impact sur la société ou sur les autres. Être aussi mon propre boss, à justement prendre des décisions, des prises de risques etc. Mais je ne savais pas où je ne constituait pas tout ça dans une définition d’entrepreneuriat parce qu’à l’époque je ne connaissais pas ce mot. Donc j’ai suivi un parcours assez classique en tout cas scolairement parlant. Et même j’ai continué jusqu’à intégrer un gros groupe parce que quand on est dans ce parcours classique là, on veut justement suivre ce que font la plupart des gens et surtout je pensais en fait que, ça serait vraiment très intéressant d’avoir une expérience professionnelle dans un grand groupe avant de me lancer par moi-même sur une aventure entrepreneuriale. Donc voilà, le moment je ne sais pas quel était ce moment-là, mais le moment qui a changé ou qui a tout basculé dans ma tête, c’est au moment où lorsque l’on est dans un groupe et on se rend compte que ce n’est pas forcément fait pour vous, qu’on peut être une salariée parmi un millier de gens. C’était le cas justement dans un groupe comme chez L’Oréal, qui ne va pas tenir ou gérer un projet de A à Z et voir le résultat un jour. En fait, travailler pendant des mois voire simplement une présentation PowerPoint à faire valider par votre N+1 +2 +3 et peut être pas voir le jour à cette idée là c’est un peu problématique pour quelqu’un qui a un mindset plutôt entrepreneur, qui va plutôt vers l’action et qui n’a pas envie de perdre beaucoup de temps sur la théorie avant. Et c’est là où justement je trouvais ça une évidence pour moi de lancer ma start-up le plus rapidement possible. C’est ce qui s’est passé.

FPL: On voit que vous aviez déjà ça vraiment en vous. Mais vous avez quand même dû quitter le groupe est ce que c’était difficile de faire le choix? Quand je dis difficile : est-ce qu’il y a eu des contraintes financières ou autres pour vous lancer, pour quitter votre travail de salariée et lancer votre startup? Le choix est il clair ou facile?

AS: Non, ce n’est jamais clair, ce n’est jamais facile. D’ailleurs l’entrepreneuriat par définition, c’est justement se jeter dans le vide. Donc il faut quand même prendre ce risque-là pour apprécier l’aventure d’après, une prise de risque maximale. Mais c’est ce qui se passe d’ailleurs quand on quitte un job ou on est vraiment très bien et avec une stabilité, particulière etc. Mais c’est le jeu. Et c’est ce qu’il faut faire. Moi j’ai la chance à cette période là en tout cas d’avoir un copain qui est devenu justement mon mari très vite après, qui a entrepris depuis la sortie de l’école, à l’ESCP on l’on s’est rencontrés. Et justement c’était un pacte entre nous : deux étudiants, pas un rond, où tous les deux veulent entreprendre….Il fallait vraiment aussi penser à notre vie économiquement parlant. C’était un pacte où il fallait que un de nous deux travaille pendant deux ans pour payer le loyer et par contre l’autre doit concrètement s’engager au bout de deux ans. Sa boîte doit absolument générer assez d’argent pour nous faire vivre tous les deux pendant un certain moment pour que l’autre puisse justement lancer aussi son aventure entrepreneuriale. C’est un pacte. Un pacte de couple, qui a fonctionné pendant deux ans. C’est ce qui s’est passé. Moi je travaillais et il a eu la chance de lancer sa boîte rapidement et on se soutenait mutuellement. ça m’a aussi donné la niaque de lancer aussi ma boîte. Très vite, deux ans après l’école,voilà.

FPL: Finalement vous êtes bien organisés. On a toujours l’impression que celles et ceux qui lancent des startups, surtout ceux qui ont eu un succès, les américains appellent ça un « overnight success », mais en fait, on ne voit pas tout ce qu’il y a derrière. Dans votre cas on voit bien que vous êtes organisés, vous avez fait votre pacte, vous avez mis en place un système. Pour ne pas non plus vous retrouver à la rue et ça a aidé à faire cette transition.

AS: Ça a l’air facile comme ça en prenant du recul! Mais franchement non, il ne faut pas oublier aussi beaucoup d’obstacles, les problèmes et que ça ne se passe jamais comme on veut…Etc Mais clairement l’aventure vaut la chandelle, mille fois, vraiment.

FPL: En parlant d’obstacles et d’embûches, on va en parler maintenant. Si vous pouviez nous parler un peu dans le lancement de votre entreprise, dans Carnet de mode, dans votre parcours en tant qu’entrepreneure : est-ce que vous pouvez nous emmener dans un des pires moments que vous ayez vécu et nous le raconter?

AS: Faut se dire qu’on vit dans une aventure entrepreneuriale, je pense que l’on vit beaucoup plus de « down » que de « up », donc beaucoup plus d’échecs et de moments justement on est en bas que en haut et des moments d’euphorie, beaucoup plus d’ailleurs. Donc les pires moments il y en a plein, plein, plein. Enfin en regardant derrière on sourit. Et c’est ce qui d’ailleurs nous nous rend plus fort, c’est ça l’entrepreneuriat: c’est de savoir apprendre de ses échecs et de ses erreurs pour justement à se relever et faire mieux et aller beaucoup plus vite. Mais mes pires moments sont innombrables. Franchement la première fois où j’ai compris que mon business model de crowdfunding n’allait pas vraiment marcher comme je le souhaitais parce que quand on lance une aventure, on y croit à mille pour cent. Donc, en fait, le jour où on doit vraiment se remettre en question et prendre la décision de pivoter et complètement changer notre business model ou l’idée de base sur laquelle on a construit notre croyance, sur cette aventure, cette startup, est vraiment très difficile. Justement le moment où j’ai dû prendre ce recul et prendre la décision de changer très vite et complètement de business model, ça c’était quand même à un moment très difficile mais très bon et très constructif. Le moment où mon premier salarié m’annonce sa démission et ce n’était pas anodin parce que c’était quand même le CTO de ma boîte. C’est le jour du lancement de notre nouvelle version, le site sur lequel on a travaillé pendant un an et demi et on a mis beaucoup d’argent…c’était aussi vraiment un de mes pires moments, je pensais même pas me relever ce jour-là. Quand on doit faire face à une décision pareille, et le prendre comme un échec monumental et se poser mille questions et se demander où est ce que l’on a fauté, où est ce que ça n’allait pas? Pourquoi on arrive à ça et pourquoi ça m’arrive à moi etc. ? Ça devient presque des questions existentielles et on passe par vraiment des moments horribles. Fallait aussi très vite se ressaisir et justement remettre très vite un beau sourire sur le visage, pour motiver le reste de l’équipe et continuer encore plus fort sans lui et trouver son remplaçant etc…ça aussi c’était un moment très difficile etc… Il y en a énormément. Aussi le jour où on commence, on se lance, à chercher des fonds d’investissement, ce n’est jamais un moment agréable pour tout entrepreneur, parce que se prend beaucoup de « non » pour espérer un « oui » après tant de temps de claques et de portes. On nous claque la porte au nez des milliers de fois et on nous fait perdre notre temps ou pas. En tout cas ça aussi ça nous renforce énormément pour justement arriver à comprendre comment convaincre un investisseur et à arriver justement à lever des fonds. Je ne peux pas aller jusqu’à demain, mais oui les pires moments, il y en a beaucoup.

FPL: Alors on va peut être poser comme question de manière générale, est ce que vous avez une technique que vous avez développée pour surmonter les coups durs que vous appliquez à chaque fois?

AS: Clairement, essayer de se ressaisir et surtout prendre du recul. Essayer de remettre très vite ce problème dans son contexte et que ça ne devienne pas comme ce que l’on voit toujours à cet instant là comme le plus gros problème de la terre. C’est jamais un énorme problème par rapport à d’autres problèmes existentiels, aux problèmes d’autres personnes. Il faut juste savoir à un moment donné prendre du recul bien s’entourer surtout. J’ai la chance de savoir bien m’entourer, en tout cas que ce soit par ma famille, mon mari, des entrepreneurs amis, mes investisseurs, mon équipe pour justement savoir comment se ressaisir très vite. Il ne faut pas justement que cela nous absorbe cet échec-là, il faut savoir se relever et se dire que cet échec va complètement nous reconstruire encore mieux et ça va certainement créer quelque chose de très positif derrière.

FPL: Tribu Digitale, prenez du recul, entourez vous bien! Alors, que s’est il passé ensuite? Je veux dire, à l’inverse : vous avez eu des moments que l’on appelle des moments d’illumination, un moment où les choses ont basculé en votre faveur? Votre business tout d’un coup a commencé à fleurir? une idée que vous avez mis en place et qui était positive, est ce que vous pouvez nous raconter ça?

AS: Mais heureusement! Sinon on ne peut pas continuer. Heureusement qu’il y a des moments d’euphorie, des moments positifs qui vous nous pousser beaucoup plus en avant. Mais ces moments là sont très importants et les moments où on sent que cet impact qu’on rêvait d’avoir sur les autres, on arrive vraiment à le toucher du bout des doigts. Quand on a un beau feedback justement d’un client ou positif ou un bon feed back d’un créateur qui nous remercie par rapport à l’impact que Carnet de Mode a pu lui apporter etc.. C’est des moments très importants dans la vie d’une startup et la vie d’un entrepreneur. C’est en ces moments là justement que je chéris le plus, et les moments qui nous poussent à faire mieux à chaque fois. Et mettre la barre encore plus haut.

FPL: Et d’ailleurs, on pourrait même rajouter aussi que le moment où vous avez fait votre pivot du crowdfunding à la marketplace aura été aussi un moment où tout d’un coup vous étiez contre le mur, les choses se sont remises en place pour aller dans une direction positive. Et, si vous pouviez résumer la ou les leçon(s) clés plus de votre expérience en tant qu’entrepreneure… en quelques mots : que pensez-vous que la Tribu Digitale doive retenir comme leçon de votre expérience?

AS: Franchement, les conseils ça va peut-être être banal, parce que tous les entrepreneurs arrivent à comprendre à un moment donné l’importance de l’échec. C’est vraiment faire  le plus d’erreurs possible le plus tôt possible. C’est vraiment mon plus gros conseil aujourd’hui. Plus on fait des erreurs, plus on avance et on se construit, on se structure et on apprend, et on va beaucoup plus vite, on va vers le succès. Il est très rare, en fait je n’ai jamais vu d’ailleurs autour de moi des exemples de succès instantané sauf si c’est vraiment de la chance de dingue un peu comme gagner au Loto, mais la plupart des entrepreneurs passent certainement par énormément d’échecs et de mauvais moments ou d’erreurs avant d’arriver au succès. Parce que c’est comme ça qu’on apprend le plus. Donc mon gros conseil c’est ça : échouez très vite! Et comment échouer très vite ? En se lançant d’abord sur l’entrepreneuriat sans se poser des questions sur les risques, les problèmes etc. c’est vraiment en faisant, en étant des « Doers » plutôt que de réfléchir et théoriser, que l’on va comprendre et qu’on va justement savoir aiguiller notre business model et arriver au succès ou en tout cas, à une meilleure idée ou une meilleure exécution. Donc il faut se lancer le faire le plus vite possible pour « échouer » et arriver à une réussite après.

FPL: A la Tribu Digitale, aucun conseil n’est banal et  apprendre de ses erreurs est une des clés sur le chemin vers la réussite. C’est clair, et c’est quelque chose qui revient souvent ici sur ce podcast. Arbia, nous sommes maintenant arrivés à la partie des questions flash. Ici, je vous pose une série de questions en rafale et vous me répondez en allant à l’essentiel ! Quelle est votre définition du succès?

AS: Pour moi c’est clair, je pense que chaque entrepreneur qui entreprend à un moment donné de sa vie, c’est pour faire de l’impact. On ne le fait pas pour l’argent mais pour impacter la société ou au moins impacter les gens autour de soi ou un petit secteur en particulier. Le succès pour moi c’est cet impact, avoir réellement impacté des gens.

FPL: A quoi ressemble votre journée type ? Est ce que vous avez peut être une routine qui vous aide tous les jours et que vous pratiquez?

AS: C’est horrible! ma routine n’est pas quelque chose que je conseille aux gens parce que je suis un peu trop « Digital addict ». Je me réveille encore au lit, je regarde mon téléphone pour checker mes mails, voir s’il y’a un mail urgent à faire ou à répondre avant même de me lever du lit. Juste après, aller au bureau, aussi checker mes mails, l’équipe commencer par une journée de réunion pour voir quelles sont les problématiques et les priorités du jour. Oui j’ai l’impression que ma journée se passe en priorisant tellement il y a des tâches à faire et arriver en fin de journée on espérant qu’il y aurait une vingt cinquième heure à la journée pour continuer à bosser. Oui c’est assez c’est assez problématique, disons le je ne suis pas très organisée comme entrepreneure. Je fais comme je peux!

FPL: Et si vous deviez recommander un livre pratique, quel serait il et pourquoi?

AS: Ah ça c’est horrible! je vais vous répondre sincèrement, je ne lis  plus de livre depuis très longtemps. Mais par manque de temps et encore une fois que peut être j’ai une éducation addiction qu’il faudrait que je soigne, mais je suis plutôt par contre une cinéphile, je privilégie énormément le film à regarder, des films et des séries depuis toujours. C’est ce que j’adore faire. Donc j’apprends beaucoup d’ailleurs de là et il y a énormément de documentaires aujourd’hui sur Netflix par exemple que je peux conseiller parce que ça m’apporte autant peut être qu’un livre, peut être moins mais c’est comme ça que j’apprends. Je regarde beaucoup les tutos sur YouTube j’apprends énormément comme ça en fait en regardant des vidéos plutôt qu’en lisant des livres. Mon dernier documentaire que je viens de regarder grâce justement à une recommandation d’un ami entrepreneur c’est « Dirty Money » sur Netflix. Je vous recommande de le regarder. Ca parle vraiment des cas de corruption de business et de gros corporate aux états-Unis.

FPL: On prend note de ça ! ce sera un livre visuel ! Netflix, c’est très bien aussi ! Ici peut être, vous allez vous sentir à l’aise…Quels outils ou applications, productivité, technologique ou pas, utilisez vous régulièrement ?

AS: Il y en a plein, plein, plein. J’utilise vraiment tous les jours « Scannable ». C’est une application qui a été lancée par Evernote depuis un moment qui permet justement de scanner automatiquement toutes mes factures, mes notes de frais, mes cartes de visite. Jamais je ne garde par exemple une carte de visite en papier dans ma poche. Je la scanne directement et ça détecte automatiquement le profil de la personne et ça lui envoie automatiquement mes coordonnées sur LinkedIn. C’est parfait comme ça en fait en fait du networking beaucoup plus efficace et très rapide. J’ai beaucoup d’applications données aux banques parce que je fais partie de la génération qui déteste les banques traditionnelles et qui veut aller très vite et qui n’aime pas gérer les problèmes administratifs. Mais, mes applications que j’utilise quotidiennement c’est Revolut, N26 et Qonto, qui est d’ailleurs une start up française. Ils ont vraiment des applications superbes qui permettent vraiment de gérer toute problématique en tout cas sur notre compte automatiquement et de manière beaucoup plus rapide et puisqu’aujourd’hui je suis un peu férue de blockchain et de crypto, j’ai aussi beaucoup d’applications qui me permettent de suivre le cours de la crypto et de regarder ou en tout cas de me renseigner sur les nouveautés en termes de d’idées de start up dans la blockchain.

FPL: J’allais justement vous demander si vous n’aviez pas des comptes en crypto monnaie lorsque vous avez parlé des banques traditionnelles contre les « néo-banques » ?

AS: Si, comme tout le monde…ça me permet surtout, par curiosité, par rapport à une nouvelle technologie qui peut avoir un impact de dingue demain et être la nouvelle révolution digitale. Donc c’est très important de la suivre. Et la Cryptomonnaie c’est juste un moyen, ou une petite partie justement de cette technologie de Blockchain qui est beaucoup plus intéressante. Clairement.

FPL: Est-ce qu’on peut utiliser une Cryptomonnaie comme le Bitcoin le site de Carnet de Mode par exemple?

AS: Malheureusement, pas pour l’instant car ça nécessite beaucoup d’éducation aujourd’hui des solutions de paiement, des banques etc. pour pouvoir la porter sur un site e-commerce. En France, c’est vrai que en termes d’utilisation B to C , c’est encore vraiment un peu tôt en terme de Time to Market mais ça va venir. Ca a commencé récemment par une annonce du Gouvernement Français disant qu’ils sympathisent beaucoup et qu’ils veulent être parmi les premiers pays justement à être les plus souples sur les SEO et la Blockchain. Donc ça m’étonnerait pas que l’on y arrive peut être un jour et très rapidement, pourquoi pas.

FPL: Alors, nous venons de parler du Blockchain mais est ce qu’il y a d’autres domaines qui vous inspirent ou vous passionnent en ce moment? Un domaine qui vous paraît prometteur?

AS: Aujourd’hui justement je regarde beaucoup les domaines, parce qu’il y’a six mois j’ai cédé ou j’ai vendu en tout cas ma startup à un groupe industriel Français. Ça m’a donné l’opportunité de réfléchir à quel est mon « next step » ou ma nouvelle aventure entrepreneuriale que je veux lancer très rapidement. Donc voilà ça nous met un peu dans une page blanche. Il faut s’inspirer, regarder tous les secteurs qui existent autour de nous. Car lorsqu’on a fait sept ans dans l’e-commerce et la technologie de l’e-commerce B To C, c’est difficile de s’inspirer et d’avoir des idées sur d’autres secteurs, si on n’y va pas nous mêmes, s’instruire, et faire des rencontres dans ces secteurs là. Je passe maintenant plusieurs mois depuis mon exit à rencontrer du monde dans d’autres domaines, des autres serial entrepreneur justement dans des secteurs comme la fintech, la maintenance prédictive, industrielle, le VR, L’EI etc. Je mentor plusieurs start-up dans plusieurs incubateurs dans des domaines très différents de l’e-commerce justement pour me permettre de donner des conseils mais en même temps d’apprendre beaucoup de ces entrepreneurs aussi. Et je fais aussi des missions de conseil pour des boîtes qui n’ont rien à voir l’e-commerce aujourd’hui. Beaucoup de secteurs aujourd’hui m’intéressent mais vraiment sur lesquels je me concentre en ce moment même, c’est la fintech blockchain clairement et la maintenance prédictive industrielle parce que j’estime qu’il y a beaucoup à faire aujourd’hui dans l’industrie, à dépoussiérer et à digitaliser.

FPL: Et la dernière question Arbia, c’est la question back-in-time. C’est ma question préférée. Imaginons que vous ayez l’opportunité de remonter le temps et vous vous retrouvez face à votre vous de dix-huit ans. Vous n’avez que cinq minutes avant que le portail temporel ne vous ramène au présent. Avec l’expérience que vous avez maintenant que vous diriez vous? D’un point de vue pratique, que feriez vous différemment? Quel plan précis vous donneriez vous pour réussir plus efficacement et qui n’implique pas d’acheter des billets de loto, des paris sportifs ou d’investir en Bourse ou en Bitcoin?

AS: Peut-être que la première chose que je dirais si je n’ai que quelques secondes à dire à moi même à dix huit ans c’est « lâche tout, entreprends tout de suite », clairement. Et c’est le meilleur moyen de se former beaucoup même plus que l’école. Même si j’ai fait un très beau parcours et que ça m’a beaucoup bien sûr construite, la personne que je suis aujourd’hui. Mais c’est vrai qu’on apprend beaucoup plus vite avec vraiment à faire le marché et à entreprendre et prendre des risques en fait depuis un jeune âge. D’ailleurs je suis très jalouse des générations d’aujourd’hui. A dix-huit ans mais qu’est ce que je faisais? J’étais devant ma télé, à sortir dans les boîtes, à faire mes devoirs le lendemain alors que j’avais beaucoup de temps libre pour entreprendre quelque chose, même une petite idée, un petit business ou même une association. C’est mon seul regret peut être pouvoir commencer le plus jeune pour justement faire des erreurs aux plus jeune et réussir beaucoup plus rapidement.

FPL: Tribu Digitale qu’attendez-vous? Entreprenez ! Mais c’est maintenant ! Vous allez faire vos erreurs peut être mais c’est de ces erreurs que vous allez apprendre tous ces éléments importants de l’expérience que Arbia a mentionnés ici. Et bien je constate qu’on est déjà à la fin de l’épisode. Merci d’avoir partagé toutes ces informations avec nous. Tribu Digitale, j’espère que vous avez bien pris note. Je sais qu’il y en a parmi vous qui hésitent encore à se lancer et j’espère que l’aventure d’Arbia vous inspirera à faire le grand saut ! Arbia, pour le mot de la fin : que diriez-vous nos auditeurs de la Tribu Digitale qui hésitent encore à se lancer en tant qu’entrepreneur ou dans l’aventure de l’entrepreneuriat ou qui se sentent bloqués? Si vous aviez un seul conseil à leur donner qu’il serait il?

AS: Faut vraiment pas réfléchir! Je répète exactement toujours la même image. Imaginez vous en train de vous lancer dans un saut à l’élastique, et franchement si vous regardez en bas, personne en fait ne se lance et ne saute! Il faut peut être pas regarder et simplement sauter et à ce moment-là, ça ira beaucoup plus vite et on profite en tout cas du moment et on l’apprécie beaucoup plus après. C’est exactement ça l’entreprenariat, il ne faut pas trop réfléchir. Parce que surtout c’est très féminin. Les femmes réfléchissent beaucoup aux contraintes avant de se lancer. C’est mon conseil, ne réfléchissez pas, lancez et après, réfléchissez. Et vous allez voir que vous allez vraiment beaucoup apprécier.

FPL: Tribu Digitale, tout est dit! Arbia vraiment merci beaucoup, merci du fond du cœur de nous avoir raconté tout ça aujourd’hui. alors, avant nous quitter, dites nous comment rester en contact avec vous sur les réseaux sociaux? Et si vous avez une annonce à faire, la Tribu Digitale vous écoute!

AS: Le meilleur moyen c’est LinkedIn. Vraiment je suis très connectée dessus et je reçois vraiment mes messages dessus donc c’est le meilleur moyen pour me contacter, puisque je suis la seule qui s’appelle Arbia Smiti. Donc dans vos recherches ça sera très facile de me trouver sur LinkedIn. Une annonce aujourd’hui oui, je suis en train justement de lancer ma nouvelle aventure entrepreneuriale donc je cherche à constituer une équipe fondatrice Star ou « killer team ». Je suis très intéressée par rencontrer toute sorte de personne « smart » qui a entrepris avant idéalement, pour aller très vite sur cette aventure entrepreneuriale là, dans des profils très différents. Donc pourquoi pas rejoindre ma nouvelle équipe! J’en parlerai certainement beaucoup plus après quand elle sera structurée d’avantage.

FPL: Tribu Digitale, vous venez d’entendre Arbia  partager avec vous son expérience et ses conseils c’est à vous de jouer maintenant. Rejoignez nous sur www.revodigitale-test.mystagingwebsite.com et Arbia dans la barre de recherche, vous aurez accès à sa page dédiée avec toutes les informations et les références dont nous avons parlé aujourd’hui. Et bien sûr n’oubliez pas de visiter la page d’Arbia sur LinkedIn et si vous êtes intéressé de la rejoindre dans sa team dont elle nous parlera plus tard ! Arbia, merci d’avoir partagé votre aventure avec la Tribu Digitale! Je vous dis au revoir et vous retrouve en backstage!

AS: Merci ! Au revoir !

LES POINTS À RETENIR

1. ENTOUREZ-VOUS BIEN. Que ce soit votre famille, vos proches, vos collaborateurs, votre équipe, vos amis… Ils seront votre plus précieux soutien, vous aideront à vous relever après un moment difficile. N’oubliez pas également tous ces petits moments positifs dans votre parcours, pour vous encourager à continuer, ces petites victoires comme les messages de votre communauté, de vos clients…

2. FAITES DES ERREURS LE PLUS TÔT POSSIBLE. Entreprendre implique le plus souvent de passer par des erreurs, des échecs. Autant se lancer le plus vite possible, sans se poser trop de questions, et faire ses erreurs le plus en amont de son parcours entrepreneurial. Les apprentissages que vous en retirerez vous permettront de vous relever, vous construire et mieux aller de l’avant. Soyez des “doers”, des faiseurs, ne théorisez pas trop, allez-y, vous augmenterez vos chances de succès.

3. N’ESSAYEZ PAS DE RÉINVENTER LA ROUE. Si vous voulez entreprendre dans le e-commerce ou le digital, et que votre business model n’est pas basé sur une technologie innovante que vous devez vendre aux clients: utilisez ce qui existe déjà sur le marché et concentrez-vous sur la création de valeur et le « proof of concept », avant même de vous plonger dans les problématiques technologiques qui prennent du temps et et de l’investissement d’argent au départ. Faites du rapide, pas cher ou gratuit, testez votre business model, et vérifiez si vous apportez véritablement une solution à un problème.

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OUTILS MENTIONNÉS

Vous trouverez ci-dessous toutes les références des ressources mentionnées durant l’épisode!

APPLIS

Liste des applis mentionnées durant l’épisode.

N26

Banque en ligne

LIVRES

Liste des livres mentionnés durant l’épisode.

Dirty Money

Pas un livre, mais un documentaire 😉

AUTRES

Autres resources mentionnées durant l’épisode (événements, sites web, etc.)