Haweya Mohamed

Co-fondatrice de Afrobytes

Haweya Mohamed veut développer la plateforme le plus influente sur l’innovation africaine en Europe. Après ses études en France, elle met pendant plusieurs années ses talents au service de grands groupes média tels qu’Endemol ou RTL. En 2014 elle lance sa propre agence de communication, mais cherche à créer ce qu’elle appelle le “projet de sa vie”, en lien avec l’Afrique. Un an plus tard, elle cofonde alors (avec Ammin Youssouf) Afrobytes, une marketplace qui réunit les meilleurs profils de la tech africaine à Paris mais aussi des acteurs globaux comme Facebook, Google et bien d’autres. En déployant un pont entre ces deux continents, celle-ci permet l’émergence d’une communauté déterminée à construire une Afrique plus connectée, une Afrique actrice incontournable de la Révolution Digitale.

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COMPTE-RENDU DE L’ÉPISODE

01:34 Intro – L’Afrique, c’est maintenant
05:34 Projet du Moment – Afrobytes: de la conférence à la Market Place
10:53 L’Appel à l’Aventure – Sortir de sa zone de confort, vaincre la peur de se lancer
13:08 Les Tribulations – La marque “Afrique” et la lutte contre les préjugés
15:51 La Révélation et le Triomphe – Qui sort s’en sort
18:51 Les Questions Flash
24:24 Le Bouquet Final – Privilégier les rencontres

Transcription complète de l'épisode

Transcription réalisée avec l’aide d’Happy Scribe

François Paul Lambert: Notre invitée d’aujourd’hui veut développer la plateforme le plus influente sur l’innovation africaine en Europe. Après ses études en France, elle met pendant plusieurs années ses talents au service de grands groupes media tels qu’Endemol ou RTL. En 2014 elle lance sa propre agence de communication, mais cherche à créer ce qu’elle appelle le “projet de sa vie”, en lien avec l’Afrique. Un an plus tard, elle cofonde alors Afrobytes, une market place qui réunit les meilleurs profils de la tech africaine à Paris mais aussi des acteurs globaux comme Facebook, Google et bien d’autres. En déployant un pont entre ces deux continents, celle-ci permet l’émergence d’une communauté déterminée à construire une Afrique plus connectée, une Afrique actrice incontournable de la Révolution Digitale.

Tribu Digitale, je suis très heureux d’accueillir aujourd’hui Haweya Mohamed. Haweya, bonjour!

Haweya Mohamed: Bonjour François!

FPL: Merci d’être avec nous aujourd’hui. Est-ce que vous êtes prête à nous inspirer?

HM: Je ne sais pas, en tout cas je suis prête à raconter mon histoire, oui!

FPL: Génial! Alors Haweya, je viens de donner un tout petit résumé de qui vous êtes à la Tribu Digitale. Est-ce que vous voulez y rajouter quelque chose? Et avant de parler de votre projet, est-ce que vous pouvez nous donner un petit à petit de votre vie personnelle?

HM: Ah, alors ça dépend jusqu’où vous voulez aller sur la vie personnelle!

FPL: Plutôt votre parcours, c’est à vous de nous dire, ce que vous avez envie de nous dire.

HM: Oui, et bien écoutez, avec plaisir. En effet vous avez dit pas mal de choses, dans l’introduction. Moi mon domaine d’expertise c’est la communication. J’ai eu la chance d’évoluer dans des grands groupes internationaux, de m’expatrier deux fois: la première fois en 2005 à Londres.Voilà, il n’y avait pas la crise à l’époque, donc c’était extraordinaire. Également en 2014, j’ai pu aussi m’expatrier à Casablanca, au Maroc, qui a été aussi un point de départ pour l’aventure Afrobytes, parce que c’est aussi là-bas où je me suis rendue compte, même si je le savais, mais en tout cas j’ai vu ce mouvement de grands groupes internationaux venir s’installer justement à Casablanca, pour ensuite rayonner sur le continent africain. Et en fait je ne sais pas si vous êtes au courant, mais il y a bien un accord bilatéral entre le Maroc et le Sénégal, qui permet aussi aux Sénégalais de voyager sans visa entre le Maroc et le Sénégal. Et j’ai pu rencontrer sur place des entrepreneurs sénégalais vraiment passionnants, et en même temps, j’ai vu à côté de tous ces centres d’innovation africains qui fleurissaient, et là je me suis dit: il y a quelque chose à faire, et la vie est vraiment drôle, puisque c’est vraiment à ce moment-là qu’un ami commun, entre Ammin Youssouf et moi-même, qui est mon associé aujourd’hui,  nous a dit par email: rencontrez-vous, car quand vous parlez de l’Afrique, vous parlez de la même chose. Et alors là, ça été pour moi le début de l’aventure Afrobytes.

FPL: C’est génial. Et justement vous parlez de ces accords, de ces hubs. On a pas beaucoup, j’ai pas l’impression qu’il y a beaucoup d’informations qui filtrent, de tout ce qui se passe, il y a énormément de choses qui se passent en Afrique, à tous les niveaux du Continent, et ces informations ont un peu du mal à revenir, j’ai l’impression jusqu’à l’Europe. Alors  on dit: l’Afrique c’est maintenant. Pourquoi?

HM: L’Afrique c’est maintenant. L’Afrique, c’est on va dire aujourd’hui, la dernière frontière, parce qu’après le continent africain, qu’est-ce que vous avez? Vous allez l’Antarctique. Donc la Chine aujourd’hui a fait ses preuves. Aujourd’hui tout le monde regarde vers le continent africain. La plupart des gens qui y sont déjà veulent accélérer leur stratégie sur le continent africain. Et puis, en effet, le gros challenge aujourd’hui c’est l’information. Il y a très peu d’information, même si aujourd’hui ça s’améliore, sur ce qui se passe, sur cette dynamique notamment concernant le digital, et nous c’est vraiment ça qu’on veut mettre en avant, qu’on veut sortir du continent, c’est cette dynamique, c’est accélérer aussi une verticale économique à laquelle on ne pense pas souvent: l’Europe-Afrique. Les entrepreneurs aujourd’hui ont souvent tendance à regarder vers les Etats-Unis ou la Chine. Nous leur dit: écoutez, regardez vers le sud, on est à 13 km de ce continent, 54 marchés, avec des perspectives énormes. Et puis surtout, ils se lèvent à la même heure que vous, ils se couchent à la même heure que vous, ils parlent français pour la plupart. Donc voilà, il y a des opportunités qui peuvent être vraiment intéressantes.

FPL: Oui, c’est vrai qu’on ne pense pas toujours à ces opportunités. L’Amérique fait toujours plus rêver. Alors justement, parlons un peu de votre projet. Est-ce que vous nous expliquer un peu ce projet, et si vous pouviez aussi nous dire comment vous générez vos revenus, et pourquoi vous avez choisi business model?

HM: Alors, Afrobytes c’est en amont, au début on qualifiait notre activité comme une conférence. Et aujourd’hui, on a décidé plutôt, vu ce qui se passe au sein-même d’Afrobytes, de qualifier ce que nous faisons comme une market place. On est une market place, on rassemble en fait, comme nous disait en introduction, les meilleurs profils de la tech africaine à Paris. Alors vous allez vous demander pourquoi Paris. Les raisons sont très simples: Paris parce que c’est très, c’est plus simple pour un entrepreneur africain de faire Dakar-Paris, que Dakar – Dar es-Salaam. Car je ne sais pas si vous êtes au courant, mais les lignes internes aériennes sur le continent africain…voilà, c’est un peu compliqué. 10 heures pour faire Dakar – Nairobi, bon c’est un peu…souvent en plus, vous êtes obligé de passer par l’Europe. Donc Paris se trouve être un point de passage intéressant, en tout cas un hub aéroportuaire stratégique. Ensuite, pour nous, c’est beaucoup plus simple, parce que pour tout vous dire, François, nous sommes allés avec un Ammin faire un petit tour sur le continent africain. On est allé voir ces fameux centres d’innovation, c’est tech-hub, et on leur a demandé: de quoi vous avez besoin? Ils nous ont évoqué trois points décisifs pour eux: Le premier c’est la visibilité. Le second c’est le financement, bien entendu. Et le troisième, ce sont les partenariats solides. Et donc avec un Ammin on s’est dit: ça peut être super intéressant de faire venir tout ce monde-là à Paris, et en plus, c’est vrai qu’il faut le savoir aussi François aujourd’hui, quand vous êtes un investisseur, que vous avez 500.000 euros, qu’on vous parle d’Afrique, vous n’allez pas du jour au lendemain investir 500.000 euros à Lagos. Il faut quand même ayez d’autres indications, que vous puissiez toucher du doigt ce qui se passe. Donc c’est ce qu’on fait. Pour nous c’est plus facile de rassembler les tech entrepreneurs européens qui sont ici, qui regardent le continent et qui sont à la recherche de relais de croissance; aussi, les grands groupes internationaux qui sont sur le continent africain ou qui veulent y aller et qui sont aussi, pour la plupart, en pleine transformation digitale. Et François, il faut savoir que le continent africain, c’est le continent de la transformation digitale. Si vous n’intégrez pas ça, ça paraît compliqué, vous ne pouvez pas aller sur le continent africain aujourd’hui avec des méthodes des années 90. Il faut vraiment intégrer la mobile money, le téléphone portable, parce qu’aujourd’hui, c’est vraiment le « mobile only contient ». Et aussi, l’investisseur, aujourd’hui moi je vais vous dire la vérité, François, il y a quelques temps encore, il y a deux ou trois ans, quand je  parlais d’innovation africaine, beaucoup de gens rigolaient un petit peu, en vous disant: est-ce que ça existait vraiment? Donc on a aussi ce rôle-là, de faire venir le meilleur justement, parce qu’on a aussi un souci d’image. Parce que j’imagine que vous allez me parler aussi des challenges, des défis, ce qui a été difficile. Voilà, le challenge, le plus gros challenge c’est aussi l’image du continent africain qui reste encore anxiogène, même si aujourd’hui, il s’améliore.

FPL: C’est complètement passionnant, ce que vous nous expliquez ici. Justement, vous avez, vous êtes une conférence. J’imagine que la prochaine conférence aura lieu plus tard cette année. Alors qui peut participer à votre conférence? Elle a lieu quand, d’ailleurs?

HM: Alors, pour tout vous dire, on a basculé du terme « conférence » au terme « market place », parce que aujourd’hui les gens qui viennent à Afrobytes sont des gens qui sont déjà convaincus, et qui sont là pour obtenir des Insight opérationnels, parce qu’ils veulent accélérer leur stratégie tout de suite. Le time to market c’est vraiment maintenant. Donc la forme est très, on a vraiment fait ça de manière très opérationnelle. Il y a en effet des panels, mais il y aura surtout de nombreux Workshops, notamment des workshops pays, des workshops sur des thématiques très spécifiques liées au continent africain, comme l’investissement bien entendu, le blockchain,  tout ce qui est crypto-currency, ICO, etc. Donc on est vraiment sur des thématiques…parce qu’il faut aussi vous le dire François, c’est un événement qui est organisé par des Africains. Je me permets de vous le spécifier, parce que ça nous permet aussi de pouvoir être à l’écoute du continent africain. C’est beaucoup plus facile de recenser les besoins du continent africain, quand on est d’origine, aussi, africaine. Et on est l’un des seuls événements en Europe sur l’innovation africaine, organisé par des Africains. Donc l’agenda est africain. Et l’idée c’est vraiment de rassembler les meilleurs esprits des deux mondes, pour justement créer la rencontre, parce que sans rencontre, malheureusement, les choses ne se font pas. Et là aussi l’un des plus gros challenges sur le continent africain, c’est l’information. Toutes ces personnes que je mentionne, pour la plupart ne se connaissaient pas. Ils peuvent vivre au Bénin, ils peuvent vivre au Togo, ils peuvent faire des choses, mais malheureusement ils ne sont pas informés des initiatives respectives. Donc on est aussi là pour ça. Et Paris reste aussi un point important pour nous, parce qu’on peut aussi rassembler tous les médias. Là par exemple François, on travaille vraiment…L’année dernière on avait à peu près une cinquantaine de journalistes, et c’est aussi plus facile pour nous de leur faire acheter un ticket de métro plutôt qu’un ticket d’avion, et donc voilà facile pour nous de faire venir la BBC, TV5, RFI France24 etc. Parce qu’on a un enjeu aussi énorme, François, c’est re-basculer toutes ces informations, ces rôles modèle, ces histoires, ces expériences sur le continent africain. Montrer aussi à la jeunesse du continent que tous les regards sont tournés vers eux et que les opportunités sont chez eux, voilà.

FPL: En tout cas  votre énergie donne envie de suivre ça de plus  près. Alors, Tribu Digitale, d’Afrique et d’Europe, gardons ça à l’esprit, car  nous allons maintenant explorer le parcours entrepreneurial d’Haweya, son aventure en tant qu’entrepreneure. Alors Haweya, commençons par cette question, que nous appelons l’Appel à l’Aventure: Quand avez-vous su, au fond de vous, que vous vouliez devenir entrepreneure, que vous vouliez lancer votre propre projet. Et si vous ne vous êtes pas lancée tout de suite, qu’est-ce qui vous a retenue?

HM: En fait j’ai toujours eu envie, mais comment dirais-je, je pense que j’ai succombé, peut-être un peu comme tout le monde, à la pression sociale, à ces commentaires, à ces personnes qui vous disent: mais non, mais non,  reste bien au chaud dans ces grands groupes etc etc. Donc pendant un moment en effet, j’ai écouté, je me suis dit: bon je vais y réfléchir, je vais voir de quelle manière je peux avancer sur ces sujets ces choses-là. Et puis en effet une fois que vous êtes dans votre confort, vous y rester et jusqu’au jour où là vous avez vraiment l’envie. Et voilà, après dix ans dans les médias, après avoir rencontré des personnes exceptionnelles tout au long de mon parcours, notamment de grands entrepreneurs, j’ai eu la chance aussi de travailler avec une personnalité assez connue qui s’appelle monsieur Alain Afflelou, qui est un entrepreneur exceptionnel. Et je me suis dit: voilà j’ai envie, j’ai envie quand même de me mettre à disposition de quelqu’un mon expérience et mon expertise si je peux parler ainsi, et donc 2014 a été pour moi le tournant. Et je me suis dit: voilà c’est le moment.

FPL: Et est-ce que vous avez eu peur de vous lancer? Est-ce qu’il y a un moment où vous êtes dit, quelle action vous avez prise, pour partir? Vous avez démissionné de votre travail, ou bien vous étiez déjà partie? Comment ça s’est passé, concrètement?

HM: Déjà, pour répondre à votre première question, en effet j’ai eu très peur. Et je sais pas pourquoi, pour moi ça paraissait énorme, l’entrepreneuriat. Je me suis dit: mais comment est-ce que tu vas pouvoir faire, notamment pour les démarches administratives etc. Donc ça ça m’a aussi un peu bloquée. Et puis moi j’avais en effet quitté mes groupes. J’avais signé comme on appelle ici, vous savez, j’avais fait des ruptures conventionnelles. Et donc voilà, donc j’étais vraiment dans une petite période de flottement. Mais en effet, il y a eu cette peur, mais j’ai quand même finalement sauté le pas, après avoir quand même consulté un coach, pour dire François.

FPL: Ah oui, mais ça c’est une excellente pratique.Vous êtes partie, vous vous êtes lancée, vous avez démarré votre grand projet entrepreneurial. Alors maintenant Haweya, est-ce que vous pouvez nous parler peut-être ici des moments un peu plus sombres de votre aventure. Est-ce que vous pouvez nous raconter ici quelle a été votre pire moment en tant qu’entrepreneure? Et par là je veux dire: on vit tous des hauts et des bas. On peut connaître des échecs, on rebondit et dans ce cas particulier, est-ce que vous avez peut-être même envisagé de tout abandonner un moment? Est-ce que vous pouvez nous raconter ce pire moment?

HM: Je ne sais pas si je peux qualifier ces moments comme de pires moments, parce que en fait je suis dans une optique, dans une dynamique où je vois vraiment les problèmes comme des opportunités. Je ne sais pas comment vous  dire ça. Et même, les déceptions, comme des moyens de rebondir. Lors de ma première expérience entrepreneuriale, quand j’ai monté ma première structure, d’agence de communication, vous savez quand vous commencez souvent, vous commencez avec des personnes que vous connaissez bien, souvent des amis qui vous veulent vous mettre le pied à l’étrier, et qui vous aident. Donc là, cette partie-là a été plutôt simple. Afrobytes, c’était un peu plus compliqué, parce que Ammin et moi-même, on avait jamais organisé de conférence de notre vie. On est vraiment, on est arrivé là-dessus un peu from scratch. On avait qu’une envie, nous,  c’était pour être honnête avec vous François, ça peut paraître un peu naïf, mais nous notre envie, c’était de changer le monde et on a commencé vraiment, ben pour tout vous dire on n’est pas très nombreux à Afrobytes: on est véritablement deux, mais on travaille en réseau, avec des gens qui sont à l’international, à Chicago, à Hong Kong etc. Mais je crois que le moment le plus difficile pour moi, ça a été de me retrouver face à l’image du continent. On avait fait des premiers rendez-vous où en effet, il a fallu passer beaucoup de temps à dédouaner le continent africain. Voilà, la corruption, la maladie etc. Et nous on n’était pas là pour ça, et on ne comprenait pas. On se disait: Mais comment est-ce qu’on va pouvoir avancer sur ce qu’on fait, si on ne travaille pas sur l’image du continent, le narratif. Et c’est la raison pour laquelle aujourd’hui vous verrez, dans nos espaces de communication, sur le site web etc. on tente vraiment d’être les plus qualitatifs possibles, parce qu’on part du principe avec Ammin, qu’une marque qu’on n’aime pas, c’est une marque sur laquelle on n’investit pas. Et donc aujourd’hui, on fait un effort énorme, à travailler la marque « Afrique » et à faire en sorte que les gens achètent une histoire, et c’est une nouvelle histoire qu’on essaie de raconter avec Ammin, avec Afrobytes, l’histoire d’une Afrique que l’on connaît nous, et sans jamais nier la réalité, mais en tout cas parler de ça de manière totalement lucide.

FPL: La marque « Afrique », j’adore ça! Alors, Tribu Digitale, voyez les problèmes comme des opportunités. Soyez et restez optimistes, malgré des obstacles. Alors Haweya, que s’est-il passé ensuite? Quand est-ce que les choses, j’ai envie de dire, basculé en votre faveur, que votre business a commencé à prendre et à avoir de la traction? Et quelles sont les actions concrètes qui ont contribué à cela?

HM: Alors, ce qui a basculé, je ne sais pas si je peux appeler ça de basculement; en revanche, je peux vous dire qu’il y a eu des rencontres exceptionnelles, des rencontres qui vous donnent confiance, des rencontres qui vous donnent envie d’aller plus loin et c’est ça avec Afrobytes on a une phrase qui nous plaît beaucoup, qui est la suivante: « Qui sort s’en sort ». Et nous on a fait plein d’événements, on a rencontré énormément de gens, et puis on a fait surtout des rencontres décisives, notamment une: une jeune femme, qui est à Chicago aujourd’hui, et qui nous porte, qui nous structure, qui nous aide à réfléchir et qui nous aide surtout dans la stratégie. Et son aide, son appui nous a donné une force incroyable. Et aujourd’hui elle est là, elle est encore là, et on a aussi envie d’avancer, d’avancer pour elle, parce qu’elle nous a fait confiance dès le départ. Voilà donc ce qui a basculé en fait en effet, ce sont les différentes rencontres, et il n’y a pas qu’elle, il y en a d’autres aussi, qui sont là, qui nous soutiennent et qui croient profondément à ce que nous faisons. Encore une fois, alors que ce n’est pas simple, ça reste quand même un sujet encore un petit peu abstrait, pour un certain nombre de personnes.

FPL: Tribu Digitale, retenez-bien: « qui sort s’en sort ». J’adore cette citation! Alors, entourez-vous bien, et faites des rencontres. Haweya, si vous pouviez résumer la ou les leçons clés que vous avez retirées de votre expérience, quelles seraient-elles. En quelques mots, que pensez-vous que la Tribu Digitale doive retenir comme leçon de votre expérience?

HM: Alors, moi mon ADN aujourd’hui, c’est vraiment, on dit ça en anglais: le match making. J’adore, j’adore faire en sorte que les gens se rencontrent, et aujourd’hui, même si l’entrepreneuriat c’est difficile, même si aujourd’hui, lorsque vous parlez de business model, notre business model est le suivant: la market place nous permet aujourd’hui, comme City Market place payante, de générer en effet des revenus via le ticketing et également le sponsoring. Et puis cette année on a décidé aussi de lancer le premier pitch Afrobytes. Donc là on part pour Nairobi la semaine prochaine, ou va aller voir les start up assez disruptives, qu’on va ramener à Paris, pour qu’elles puissent rencontrer des acteurs importants pour elles. Donc ce que je pourrais vous dire c’est: moi je me sens extrêmement riche, François. Je ne sais pas comment vous dire ça. Je me lève le matin, je sais pourquoi je me lève. Je me couche le soir, je suis heureuse. Et même si je vis à Paris, dans ma tête suis dans le monde entier. J’ai des coups de téléphone par exemple avec vous: voilà, vous êtes à Dublin. Tout à l’heure j’ai un coup de téléphone avec l’Afrique du Sud. Mes coups de téléphone sont dans le monde entier, et c’est vraiment qu’on se remet le pied dehors, que je réalise que suis à Paris. Et ça c’est exceptionnel. Donc je vais vous dire, humainement parlant, l’entrepreneuriat, pour moi, est juste phénoménal.

FPL: Merci Haweya pour ça. Nous sommes déjà arrivés à la partie des questions Flash. Alors, je vais de l’avant, et je vous pose une série de questions en rafale et vous me répondez en allant à l’essentiel. Est-ce vous êtes prête?

HM: Très bien, je suis prête.

FPL: OK super. Quelle est votre définition du succès?

HM: L’expérience.

FPL: À quoi ressemble votre journée-type?

HM: Comme je vous le disais à l’instant, elle est extraordinaire, avec des rencontres qui sont mes rencontres, puisque je les choisis, avec des coups de téléphone de personnes parfois qui ont des expériences et qui vivent des choses totalement, totalement, humainement parlant, incroyables. Donc voilà, encore une fois, des journées super enrichissantes.

FPL: Si vous deviez recommander un livre pratique, quel serait-il, et pourquoi?

HM: Oui, alors moi j’irai pas conseiller un livre pratique. Moi je vais vous dire un truc, quelque chose de très pratique pour moi. Vous savez ce que c’est? C’est le réseau social LinkedIn. Pour moi, c’est une Bible, ça me permet de rencontrer pour le coup, encore une fois, des personnes extraordinaires. Pour moi c’est un super outil, en tout cas pour les entrepreneurs et pour moi c’est une Bible.

FPL: La Bible LinkedIn. Voilà quelque chose à peut-être pas souffler à l’oreille des fondateurs de LinkedIn, je ne sais pas. Comment  vous l’utilisez LinkedIn, alors? Vous l’utilisez en version payante, ou est-ce que vous l’utilisez dans sa version telle qu’elle est accessible?

HM: Alors, accessible. C’est vrai que je ne me suis jamais posé la question de la version payante, parce que la version accessible me permet déjà de faire des choses extraordinaires. Donc aujourd’hui j’en suis là.

FPL: Super, ben écoutez vous avez déjà anticipé sur la question d’après, alors à vous de me dire si vous voulez en rajouter ou pas, mais quels outils ou applications, productivité ou autres, technologiques ou pas, utilisez-vous régulièrement, à part LinkedIn?

HM: Alors là je vais vous dire WhatsApp.

FPL: Alors de sera LinkedIn et WhatsApp.

HM: Voilà, WhatsApp, WhatsApp, parce que sur le continent africain, c’est un outil qui est vraiment très utilisé, et c’est ce qui me permet aussi de joindre les personnes de manière assez rapide et assez instantanée. Donc je dirais que WhatsApp pour moi est un outil essentiel également

FPL: Est-ce qu’il y a un outil que vous utilisez particulièrement aussi, peut être au sein d’Afrobytes, entre équipes, ou vous utilisez les mêmes outils, WhatsApp?

HM: Oui bien sûr. Nous on est sur Slack, et puis on a aussi, vous savez, Afrobytes est situé à la Station F. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ce projet.

FPL: Si, si tout à fait.

HM: Donc on est à la Station F. Donc  ici on a des outils absolument extraordinaires. Ça fonctionne comme un campus, donc on bénéficie de choses vraiment très sympathiques, et j’encourage vraiment les entrepreneurs qui sont dans le coin, s’ils n’ont pas encore aujourd’hui leur bureau à la Station F, moi je les encourage vraiment à venir ici.

FPL: Super. Alors, évidemment il y a la marque « Afrique ». Mais qu’est-ce qui vous inspire ou vous passionne en ce moment? Les domaines qui vous paraissent prometteurs?

HM: Écoutez, on a fait une première question Afrobytes à New York, en janvier dernier, où on a pu mesurer l’appétit énorme en fait des Américains sur le sujet et leurs manques, surtout. Ils n’ont absolument pas de réseau pour aller sur le continent africain. On a aussi fait une cession, très récemment, également à Hong Kong, qui s’est extrêmement bien passée. Donc moi ce que j’ai envie de, ce que je constate aujourd’hui, et c’est une une discussion que j’ai eue avec un journaliste du média que vous connaissez très bien, qui s’appelle Quartz: le monde est en train de changer, François,  on le sent, et on est très heureux d’être au cœur de ce mouvement. Il y a un momentum, notamment sur la partie Afrique et la partie innovation, les choses doivent se faire maintenant. On parle beaucoup de data aujourd’hui, comme la nouvelle matière première du monde entier. Elle est notamment très très très intéressante, aussi, sur le continent africain. Donc voilà, on est vraiment dans un écosystème, dans une dans une dynamique, dans quelque chose qui ne sera pas la même chose dans 6 mois, 18 mois.

FPL: C’est sûr. Le data, pour l’Afrique. Retenons bien ça. Et la dernière question, c’est la question Back in Time. Alors imaginons que vous ayez l’opportunité de remonter le temps, et vous vous retrouvez face à votre « vous » de 18 ans. Vous n’avez que cinq minutes avant que le portail temporel ne vous ramène au présent. Avec l’expérience que vous avez maintenant, que vous diriez-vous? D’un point de vue pratique, que feriez-vous différemment? Quels plans ou conseils précis vous donneriez-vous pour réussir plus efficacement et qui n’impliquent pas d’acheter des billets de Loto, des paris sportifs ou d’investir en Bourse?

HM: Alors, ça c’est une excellente question, que je me suis déjà posée. Et, oui, en effet, moi si je devais refaire les choses différemment. J’ai eu la chance d’aller à l’université, j’ai eu la chance de bénéficier de cours exceptionnels, j’ai un bac +5. Mais si je devais reprendre les choses, je pense que je ferais plutôt un parcours plus opérationnel. À l’époque, à 18 ans, malheureusement on n’était pas très bien conseillé. Et donc on nous envoyait vraiment dans des voies peu générales, mais si je devais rétro-pédaler, à dix-huit ans je ferais quelque chose de plus opérationnel, quelque chose qui me permettrait de d’arriver plus rapidement sur le marché du travail et d’acquérir de l’expérience. Ça c’est ce que je ferais.

FPL: Tribu Digitale, si vous êtes encore à ce stade-là de votre projet, de votre parcours, mettez la main à la pâte, n’attendez pas, acquérez  de l’expérience. Haweya, merci beaucoup, C’est la fin de l’épisode, c’est passé vite.

HM: Déjà!

FPL: Un tout grand merci d’avoir partagé généreusement toutes ces informations avec nous. Alors Tribu Digitale, j’espère que vous avez bien pris note. Je sais qu’il y en a parmi vous qui hésitent encore à se lancer et j’espère que l’aventure d’Haweya vous inspirera à faire le grand saut. Alors, Haweya, pour le mot de la fin….

HM: Oui, je voulais vous dire merci beaucoup, François! Et je voulais surtout vous dire, en effet, n’attendez pas, avancez, à un moment donné il faut y aller. Allez-y!

FPL: Allez-y! Alors Haweya, juste avant qu’on se quitte dans cette émission, que diriez-vous à nos auditeurs de la Tribu Digitale qui hésitent encore à se lancer en tant qu’entrepreneur, ou qu’ils se sentent bloqués? Si vous aviez un seul dernier conseil à leur donner quel serait-il? Vous nous avez déjà dit « Allez-y », mais peut-être un petit conseil pratique?

HM: Oui, alors moi je constate très très souvent que souvent,  avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, on va faire des formations, on va refaire un master, on va faire  un MBA. Voilà, moi ce que j’ai envie de vous dire, c’est : allez plutôt voir les personnes qui ont déjà, qui sont déjà dans le secteur qui vous intéresse, allez les voir, essayez  quand même d’obtenir des rendez-vous, d’échanger avec eux, et surtout en effet, comme je le disais à l’instant, à un moment donné il faut y aller, et c’est vraiment au milieu de l’océan qu’on apprend beaucoup de choses déjà sur ce qu’on veut faire, et surtout sur soi-même.

FPL: Haweya, vraiment merci! Ce fut un plaisir et un honneur de vous avoir parmi nous aujourd’hui. Alors avant de nous quitter, dites-nous comment rester en contact avec vous sur les réseaux sociaux. Et si vous avez une annonce à faire, la Tribu Digitale vous écoute.

HM: Afrobytes était joignable en effet sur le site internet: www.afrobytes.com. On a également une page Facebook, on a également un compte Twitter: @SocialAfrobytes. Et puis en effet, si vous êtes à Paris ou en Europe, et si vous voulez vraiment vous rendre compte de ce qui se passe et surtout, accélérer votre business sur le continent africain, je vous donne rendez-vous les 7 et 8 juin au Medef, à Paris, pour la market place Afrobytes.

FPL: Tribu Digitale, vous venez d’entendre Haweya Mohamed partager avec vous son expérience et ses conseils. C’est à vous de jouer maintenant. Rejoignez-nous sa revolutionDigitale.fr, et tapez « Haweya » dans la barre de recherche: vous aurez accès à sa page dédiée, avec toutes les informations et les références dont nous avons parlé aujourd’hui. Bien sûr, n’oubliez pas de visiter la page d’Haweya sur www.afrobytes.com, et de la suivre sur ses réseaux sociaux. Haweya, encore un tout grand merci d’avoir partagé votre aventure avec la Tribune Digitale. Au revoir, et je vous retrouve en backstage.

HM: Merci beaucoup François, à très bientôt.

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LES POINTS À RETENIR

1. RENCONTREZ D’AUTRES ENTREPRENEURS EXPÉRIMENTÉS. Quand on pense à entreprendre, on peut souvent avoir le réflexe de faire des formations, d’accumuler de nouveaux diplômes. Ce qui peut être une aide fantastique, bien entendu. Mais ne n’oubliez pas d’aller à la rencontre de personnes qui se sont déjà lancées dans le secteur qui vous intéresse. Contactez-les, allez vers elles pour apprendre de leur expérience de terrain.

2. UTILISEZ LINKEDIN. Faites de ce réseau votre outil n°1 pour vous connecter, rencontrer, même virtuellement, des personnes aux parcours aussi divers qu’incroyables, pour aller à la rencontre d’entrepreneurs qui pourront partager leur expérience avec vous, et vous conseiller.

3. ALLEZ-Y LANCEZ-VOUS. N’attendez plus, à un moment, il faut y aller! Ne cédez pas à la pression sociale, à cette peur qui vous empêche de sortir de votre zone de confort.

ABONNEZ-VOUS AU PODCAST!

OUTILS MENTIONNÉS

Vous trouverez ci-dessous toutes les références des ressources mentionnées durant l’épisode!

APPLIS

Liste des applis mentionnées durant l’épisode.

LIVRES

Liste des livres mentionnés durant l’épisode.