Henri Nyakarundi

Fondateur d'ARED (African Renewable Energy Distributor)

Henri Nyakarundi est un entrepreneur social formidable qui se dédie à l’un des plus grands défis que connaît l’Afrique: le combat contre la pauvreté. Né au Kenya, il grandit en tant que réfugié au Burundi. La guerre l’amène alors en 1996 à partir pour les Etats-Unis où il finira ses études. Diplômé en informatique en 2003, il se rend compte que la vie d’employé n’est pas faite pour lui et il lance alors sa première affaire. En 2013, parvenu à un carrefour dans sa vie, il revient au Rwanda pour se dédier au lancement de sa nouvelle startup, ARED. Il met alors sa passion et son expérience au service de solutions durables pour aider les plus démunis.

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COMPTE-RENDU DE L’ÉPISODE

[00:01:37] Intro – Des solutions durables pour aider les plus démunis
[00:08:12] Projet du Moment – ARED, un kiosque solaire pour promouvoir l’entrepreneuriat
[00:13:35] L’Appel à l’Aventure
[00:15:55] Les Tribulations – L’échec est une étape avant le succès
[00:18:20] La Révélation – “J’ai étudié les compagnies (…) qui avaient du succès…”
[00:19:24] Le Triomphe – Il faut se préparer mentalement
[00:21:40] Les Questions Flash
[00:25:40] Le Bouquet Final – Une idée sans action, c’est comme une voiture sans roues, ça n’ira nulle part!

Transcription complète de l'épisode

Francois Paul Lambert: Aujourd’hui nous allons au Rwanda et mon invité est un entrepreneur social formidable qui se dédie à l’un des plus grands défis que connaît l’Afrique:  le combat contre la pauvreté. Né au Kenya, il grandit en tant que réfugié au Burundi. La guerre l’amène alors en 1996 à partir pour les Etats-Unis où il finira ses études. Diplômé en informatique en 2003, il se rend compte que la vie d’employé n’est pas faite pour lui, et il lance alors sa première affaire. En 2013, parvenu à un carrefour dans sa vie, il revient au Rwanda pour se dédier au lancement de sa nouvelle startup ARED. Il met alors sa passion et son expérience au service de solutions durables pour aider les plus démunis. Tribu Digitale, j’ai le grand plaisir d’accueillir aujourd’hui Henri Nyakarundi. Henri Bonjour! Etes-vous prêt à nous inspirer?

Henri Nyakarundi: Bonjour François Merci encore de cette opportunité. Oui j’espère qu’à travers cette interview je vais pouvoir inspirer quelques entrepreneurs.

FPL: Henri, je viens de donner un petit résumé de qui vous êtes à la Tribu Digitale. Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose à cette introduction et, est-ce que vous pouvez nous donner un petit aperçu de votre vie personnelle?

HN: Vous avez bien expliqué à peu près mon parcours. Personnellement, ça fait quatre ans que je suis de retour au Rwanda comme j’avais dit, j’ai étudié aux Etats-Unis depuis 1996.

J’ai commencé mes études, j’ai fait Computer Science à l’université en Georgie, à Atlanta. L’école s’appelait Georgia State University. Et puis j’ai terminé mes études en 2003 et, à partir de 2003 jusqu’en 2012, j’ai commencé mon voyage dans l’entrepreneuriat. Mais j’ai décidé que j’allais rentrer à partir de 2009. Mais je préparais mon retour parce que je cherchais un projet à développer. Mais moi personnellement je suis père de deux enfants, je suis marié, et l’entrepreneuriat c’est ma vie, je n’ai connu que ça. Pendant, avant et après les études;  ça a toujours été mon truc à faire.

FPL: Vous avez été aux Etats-Unis: comment c’était votre expérience là-bas, quelles sont les différences principales avec le Rwanda ou avec l’Afrique en général?

HN: La plus grande différence aux Etats-Unis c’est l’individualisme. C’est vraiment un pays…C’est le pays le plus dur dans lequel j’ai vécu; j’ai vécu dans plusieurs pays, mais c’est le pays le plus dur. C’est un pays qui ne pardonne pas. Dans le sens, c’est-à-dire que, c’est un pays qui ne se concentre que sur l’argent.

L’argent c’est la priorité de tout le monde, et pour comparer avec l’Afrique par exemple, on est plus dans le social en Afrique, on est plus dans la famille. Et j’ai pas vécu ça aux Etats-Unis. J’ai vécu, c’était que le boulot. Le jour où je suis arrivé, trois mois plus tard je devais chercher un boulot parce que c’est une vie dure, c’est une vie qui est coûteuse, surtout une vie d’étudiant. Et en plus ce n’est pas très facile pour les immigrants. Encore une fois tu dois travailler encore plus dur. Mais aussi j’ai beaucoup appris. J’ai appris à être indépendant. J’ai vraiment appris ce que c’est l’entrepreneuriat aux Etats-Unis. L’entrepreneuriat en Afrique, en tout cas à mon époque, avant que je quitte, l’entrepreneuriat c’était plutôt quelque chose que tu fais, c’est quelque chose que tu ne fais pas à plein temps. Mais ce que j’ai appris aux Etats-Unis c’est que l’entrepreneuriat, c’est une carrière que tu peux développer. ça peut devenir une carrière. Il y a une philosophie derrière l’entrepreneuriat. Il y a tous les gens qui réussissent financièrement dans la vie. C’est des entrepreneurs. C’est beaucoup de choses. J’ai commencé à lire des livres sur l’entrepreneuriat quand je suis arrivé aux Etats-Unis.

Donc j’ai tout appris, tout, tout mon voyage en entrepreneuriat a vraiment commencé aux Etats-Unis. Surtout mon éducation qui était le plus important.

FPL: Et vous parliez de la différence avec l’Afrique, le côté plus social et,  j’ai envie de vous demander: mais qu’est-ce que c’est, un entrepreneur social? Parce que j’ai vraiment l’impression que vous, c’est ce que vous êtes. Vous êtes un entrepreneur social, et est-ce qu’une entreprise sociale doit viser le succès commercial ou pas?

HN: D’abord, un entrepreneur social ça existe un peu partout dans le monde, ce n’est pas quelque chose de spécifique en Afrique. D’ailleurs il y a beaucoup d’entrepreneurs sociaux aux Etats-Unis aussi, parce qu’ils ont aussi des problèmes sociaux et aussi des problèmes de pauvreté. Mais pour revenir en Afrique: l’entrepreneur social, je crois que c’est une nouvelle étape pour résoudre certains des gros problèmes qu’on a en Afrique.

Moi personnellement, je pense pas que ça fait plus de quoi…Depuis l’indépendance? Que les NGO existent, et rien n’a vraiment trop changé, parce que le modèle des NGO est simple: c’est-à-dire vous dépendez d’abord des financements des dons que vous devez recevoir. Vos projets, les projets sont rarement à long terme, parce que les dons ont généralement un temps précis où ils s’arrêtent, alors que l’entrepreneur social est vraiment là pour résoudre un problème spécifique, à long terme.

La question commerciale et sociale, c’est une question que j’entends beaucoup.

Quand on dit commercial, c’est clair que l’entrepreneur social doit pouvoir vivre des revenus de sa compagnie. Mais ce n’est plus le modèle où vous devez voir un retour de votre investissement cinq fois, dix fois plus que ce que vous avez investi. Ce n’est plus le cas. Tant que vous avez un retour de l’investissement qui vous permet de payer vos employés et continuer l’impact social sur le terrain, c’est ça le succès pour moi. Le succès c’est pas d’avoir un gros retour des investissements parce qu’on travaille dans des milieux, comme vous dites, on combat la pauvreté, donc les revenus sont très bas, donc on doit être très créatif dans le genre de solutions qu’on amène sur le terrain. Le côté commercial n’est pas le côté dont on connaît. C’est-à-dire que comme une banque ou une compagnie d’assurance, ou une compagnie de construction qui doivent avoir un retour d’investissement dix fois plus que ce que vous avez investi. Ce n’est plus le cas. Le cas maintenant c’est d’avoir au moins le même retour d’investissement qui vous permet de continuer le fonctionnement de la compagnie. C’est ça le plus important.

FPL: Oui finalement, l’argent n’est pas le seul critère du succès. Chaque projet est différent, et il appartient à chacun d’aligner sa vision avec sa définition du succès. Henri, je vous propose de parler maintenant de votre projet du moment, ARED. Dites-nous en plus sur ce projet. Comment vous générez vos revenus, et pourquoi vous avez choisi ce business model?

HN: ARED c’est une compagnie qui a développé un kiosque solaire, pour promouvoir l’entrepreneuriat pour les gens les plus démunis. On appelle ça la base de la pyramide. Pour les personnes qui gagnent moins de cinq dollars par jour. Un des plus gros problèmes qu’on a remarqué en Afrique (parce que c’est notre marché, l’Afrique), c’est qu’il y a un manque d’opportunités économiques grave. Le manque d’opportunités économiques, c’est ça qu’on résout. Et à travers ce kiosque solaire, on permet de vendre plusieurs services, qui permet à l’opérateur du kiosque de gagner sa vie et aussi bien sûr on partage certains de ses revenus avec l’opérateur; et c’est ça l’idée générale et on l’utilise. On appelle ça un modèle de micro-franchise, qui était un modèle que j’ai copié des Etats-Unis. Et c’est un des meilleurs modèles que j’ai trouvé sur le marché. Et c’est-à-dire, au lieu de vendre le modèle à quelqu’un, vous travaillez ensemble en tant que partenaires.

Nous, on s’occupe de la technologie et de trouver ces services à promouvoir sur le kiosque. Le travail de l’opérateur du kiosque c’est de prendre soin du client et de bien vendre ses services aux clients. Et donc c’est « gagné-gagné » pour les deux parties.

FPL: Donc finalement la manière principale dont vous générez vos revenus, c’est par ce système de micro-franchise, ou est-ce que vous produisez des revenus avec les services que vous offrez avec ce kiosque?

HN: Bien sûr les revenus primaires sont les revenus des franchises. Ce qu’on vend sur le kiosque, ce qu’on offre sur le kiosque, c’est la vente de chargement des téléphones, numéro un. Numéro deux, on vend ce qu’on appelle les services digitaux. Le Mobile Money, les ventes des unités de téléphone; on fait osciller les ventes de services du gouvernement au Rwanda, par exemple: les gouvernements ont décentralisé les services où maintenant les gens peuvent payer pour certains services comme…ton identification, ta carte de naissance, peuvent être payées dans certaines « locations » qui ont une licence du gouvernement pour vendre ses services. ça ce sont les services primaires qu’on offre et les services secondaires, c’est l’Internet. On offre l’Internet à travers wi-fi à partir du kiosque, on vend de la publicité sur notre application mobile, mais aussi, on peut collecter des informations à partir de notre kiosque, des informations digitales. On peut collecter certains informations…On appelle ça « survey », en anglais. Je ne sais pas comment on appelle ça en français, d’ailleurs. Oui, les analyses, des analytics. Oui, les analyses digitales, on peut faire ça à partir de notre plateforme wi-fi. Et la dernière solution qu’on est en train de développer (on n’a pas fini), c’est l’IoT, Internet of Things. Ce qu’on a remarqué c’est que le kiosque est dans plusieurs endroits clés, que ce soit le marché, les hôpitaux. Donc nous ce qu’on a remarqué c’est que, comme le niveau de carbone autour du kiosque par exemple: ça serait intéressant de pouvoir avoir ce genre d’information. Donc on est en train de développer un système de IoT qui sera aussi sur le kiosque et qui va pouvoir collecter certaines informations qu’on va pouvoir vendre à différents clients.

HN: Woaw, j’ai vraiment l’impression que vous avez vraiment un programme ambitieux avec ce kiosque, et c’est vraiment impressionnant. Vous n’hésitez même pas à intégrer des concepts IoT, qui est donc l’Internet des objets connectés. Tout ça c’est vraiment les technologies du futur qui sont en train de s’implanter de plus en plus. Et clairement j’ai l’impression que là il y a un cas pratique applicable. J’ai l’impression que vous êtes en avance, finalement, sur ces domaines.

HN: Mais notre clientèle est dans les côtés ruraux et semi-urbain. Malheureusement la plupart des technologies qu’on développe pour l’instant c’est pour la clientèle urbaine. Et c’est ça le plus gros problème. Nous ce qu’on a vu, on a vu une opportunité qui n’existe pas dans les côtés semi-urbain ou ruraux. Et comme notre technologie utilise une technologie solaire, on a vu qu’on peut rajouter toutes ces autres technologies, qui vont ajouter une valeur, qui vont avoir une valeur ajoutée sur notre compagnie. Un des plus grands problèmes pour les compagnies sociales, c’est la rentabilité d’une compagnie. Parce que les revenus sont tellement bas, tu dois avoir d’autres genres de revenus pour vraiment créer une bonne rentabilité de la compagnie. C’est pour ça qu’on continue à ajouter d’autres technologies sur ce kiosque.

FPL: Merci beaucoup pour toutes ces informations Henri. Je pense que c’est le moment idéal pour maintenant explorer votre parcours entrepreneurial. Ce voyage qui vous a amené là où vous êtes aujourd’hui. Alors, je vais commencer Henri par cette question qu’on appelle « l’Appel à l’Aventure » et, cette question c’est celle ci: Quand est-ce que vous avez su au fond de vous que vous vouliez devenir entrepreneur? Vous nous avez déjà un peu donné une réponse au début de l’interview. Qu’est-ce qui vous a retenu?

HN: J’ai su que j’allais devenir un entrepreneur, quand je me faisais virer de tous les boulots que j’avais à l’époque, quand j’étais à l’université. J’avais un problème d’autorité, il paraît…

Ma mère me disait ça depuis longtemps. Et donc j’ai vu que bon, avoir un boulot c’était pas, ça allait pas être mon truc. Mais quand j’ai commencé à travailler, mon premier mois, ma première expérience d’entrepreneuriat, c’est l’expérience que j’ai eue quand j’étais un vendeur… je vendais des – comment on appelle ça… les filtrations à eau.

Je contrôlais quand est-ce que je vais travailler, je contrôlais la clientèle que je voulais approcher. Ça, ça m’a directement intéressé.

FPL: Ça a été naturel pour vous. Vous vous êtes tout de suite lancé, il n’y a pas eu des questionnements pour vous dire: ce serait quand même mieux que j’aie un job stable en tant qu’employé, malgré mes problèmes d’autorité. Ça a été naturel pour vous.

HN: Non…Tu sais, chacun a un processus un peu différent. Moi, je me suis jamais posé la question. Les questions sont venues après.

C’est-à-dire après que j’ai commencé l’entrepreneuriat. ça n’a pas beaucoup marché pendant dix ans. C’est là où je me suis posé les questions: est-ce que je continue l’entrepreneuriat? ça ne marche pas, ça ne rapporte rien. Je dépends toujours de mes parents…

Ça, c’est sur les questions. Mais pour commencer l’entrepreneuriat…tu sais, quand tu sens, quand tu fais quelque chose et tu te sens connecté, tu ne poses pas trop de questions. C’était pas… je me suis jamais posé des questions au début. C’est plutôt après que je me suis posé les questions: si c’était vraiment le chemin à prendre, de l’entrepreneuriat. Mais pas au début.

FPL: Tribu Digitale. Vous l’avez entendu: ne vous posez pas trop de questions, lancez-vous! Il y aura jamais de bons moments de toute façon. Donc, Henri, je pense que c’est le bon moment ici aussi de vous parler de vos 10 ans où c’était un peu dur, ou fort dur, vous allez nous le dire. Parlez-nous un peu, maintenant, de votre pire moment en tant qu’entrepreneur.

Alors, chez les Américains l’échec est vu comme un vecteur de la réussite. On a un peu parlé de la culture anglo-saxonne américaine avant. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça? Et ensuite, racontez-nous: quel a été votre pire moment en tant qu’entrepreneur?

HN: Le pire?

Oui, oui ça c’est clair que l’échec c’est juste une étape, juste avant le succès. ça c’est clair que tu ne peux pas réussir dans la vie sans avoir à plusieurs échecs. ça c’est une chose que j’ai appris. Mais à mon pire moment…J’en ai eu plusieurs. Mais je vais voir le pire. Le pire je crois c’est mon entreprise avant ARED. J’étais dans le transport, je faisais le transport; j’avais des camions et je transportais des habits, de la nourriture, partout aux Etats-Unis et j’étais basé à Atlanta.

Et je me rappelle bien…Et ça c’était pour moi, ça allait être la dernière entreprise que je fais et si j’allais pas réussir j’allais… je pensais abandonner l’entrepreneuriat. Comme je disais ça m’a pris dix ans, pour moi, pour réussir ma première entreprise et je me rappelle très bien, après un an et demi j’avais utilisé tout mes économies, je gagnais toujours rien, j’étais dans ma chambre et je ne vous mens pas pas, je pleurais, parce que j’avais besoin d’argent pour payer mes conducteurs, et j’ai dû prendre une décision…et je me rappelle j’étais à genoux,  je me demandais: « est-ce que je continue ou j’arrête? »…et je ne sais pas pourquoi j’ai décidé de continuer. Puis six mois plus tard, bien sûr j’ai fait quelques changements, et j’ai adapté, j’ai appris mes erreurs, aussi: je me lance toujours dans des entreprise sans faire de recherche. C’est une erreur que beaucoup de gens font, et moi aussi, et il faut jamais. Il faut faire quelques recherches. Et j’ai continué, j’ai adapté, j’ai changé. Puis six mois plus tard, j’ai gagné mes premiers profits sur cette entreprise. Donc ça c’était mon plus gros « challenge », comme on dit en anglais, de ma vie.

FPL: Tribu Digitale, faites vos recherches. Non seulement, n’attendez pas pour vous lancer mais, lancez-vous de manière stratégique. Faites vos recherches avant. C’est important. Vous aurez des échecs. Il faut pouvoir se relever. Et donc, qu’est-ce qui s’est passé ensuite, par rapport à votre entreprise de construction. Vous l’avez un peu souligné mais, quelles sont les actions concrètes qui ont contribué à votre réussite? Votre moment d’illumination.

HN: Ecoutez, le travail d’un entrepreneur c’est de résoudre les problèmes. C’est aussi simple que ça. La plupart du temps, on connaît les problèmes qu’on a dans l’entreprise mais on ne veut pas les changer, on ne veux pas adapter.

Moi ce que j’ai fait, en tout cas dans l’entreprise de transport, j’ai étudié les compagnies de transport qui avaient du succès. Et une chose que j’ai vue, sur leur modèle, c’est que eux, ils n’achetaient pas leurs camions. Ils trouvaient des conducteurs qui avaient leur propre camion, et quand tu as besoin d’une licence pour transporter des biens aux Etats-Unis…

Moi j’avais la licence avec la compagnie. Mais les camionneurs n’ont pas cette licence. Donc au lieu de prendre, d’aller chercher du financement, acheter les camions…parce que le plus gros coût du camion c’est le diesel et la maintenance. Donc au lieu de faire tout ça, eux ils embauchent des individus qui ont déjà leur camion et ils ont juste besoin de la licence pour transporter les biens et j’ai commencé à faire ça, et ça a minimisé mes dépenses dramatiquement. Bien sûr, tes revenus diminuent, mais comme j’avais soulevé 80% de mes dépenses, j’ai commencé à gagner de l’argent. Et c’est aussi simple que ça. Et à partir de là, tu agrandis le business.

FPL: Et maintenant vous êtes avec ce projet ARED dont on parle dans tous les médias. Et Henri, que pensez-vous que la Tribu Digitale doivent retenir comme leçon de votre expérience?

HN: Il y a plusieurs choses à dire…mais ce que je peux dire, surtout pour les jeunes, parce que c’est eux qui en ont vraiment besoin, parce que maintenant l’entrepreneuriat est devenu une idée assez…quand moi j’ai commencé mon entrepreneuriat, tu faisais l’entrepreneuriat si tu étais nul à l’école. C’était…en fait c’était sale, c’était sale l’entrepreneur. Maintenant c’est devenu une carrière acceptable. Beaucoup de jeunes se lancent dessus en pensant que c’est une carrière assez facile, alors que c’est une carrière encore plus dure que travailler pour quelqu’un. C’est une carrière de solitude. Un entrepreneur c’est un voyage de solitude. C’est un voyage où personne ne comprend ta vision, ou très peu. Personne n’est prêt à t’aider avant que tu arrives à une certaine étape. Donc tu es seul, tu te bats seul, donc c’est un combat mental. Plus que quoi que ce soit c’est un combat mental. Et si mentalement la personne n’est pas solide, elle va s’effondrer. C’est aussi simple que ça. Donc, préparez-vous mentalement le plus possible, et comprenez que c’est une bataille à long terme. Ce n’est pas une bataille qui va gagner à trois mois, six mois, un an. Si vous n’avez pas une vision de dix ans, cinq ans, laissez tomber allez chercher un boulot.

FPL: Merci Henri! Tribu Digitale, vous l’avez entendu: préparez-vous mentalement, ce n’est pas un sprint, c’est un marathon. Les récompenses à la fin du marathon sont bien plus hautes que celles d’un simple travail d’employé, et c’est pour ça, se préparer mentalement, voir sur le long terme, je pense que vos conseils sont très, très importants pour notre audience. Prenez des notes. Ok, Henry, nous sommes maintenant arrivés à la partie des questions « flash ». Alors ici je vous pose une série de questions en rafale, vous pouvez prendre le temps pour répondre mais, on va à l’essentiel. Vous êtes prêt?

HN: Oui.

FPL: Alors, à quoi ressemble votre journée type?

HN: Je me réveille, j’ai un meeting avec mon équipe et on va sur la liste de tous les problèmes qu’on a eus, comment on va les résoudre. Et un des plus gros problème, bien sûr, c’est la recherche des fonds.

FPL: Si vous deviez recommander un livre pratique, quel serait-il, et pourquoi?

HN: Le meilleur livre que j’ai lu moi personnellement s’appelle « Unstoppable ». Et je suis sûr qu’il y a la version française. C’est un livre assez connu, mais je ne me rappelle pas de l’auteur. Toutes des petites histoires de gens, de gens communs, rien de spécial, qui ont accompli ce qui était impossible. Et ce qui m’a inspiré, c’est leur persistance à arriver à leur but. Et franchement, je recommence ce livre à n’importe quel entrepreneur.

FPL: « Unstoppable ». On essaiera de retrouver le nom de l’auteur et on le notera dans la page sur le site web. Merci beaucoup pour ça. Alors, qu’est-ce qui vous inspire ou vous passionne en ce moment? Quels sont les domaines qui vous paraissent prometteurs?

HN: Les deux domaines que moi je dirais, enfin les domaines les plus prometteurs en tout cas en Afrique sont l’énergie et l’agriculture. Si vous cherchez des opportunités, c’est les deux secteurs que les entrepreneurs devraient se concentrer sur. Mais pour moi, maintenant dans ma vie, c’est: quel est l’objectif? Parfois on court après certaines choses mais c’est important maintenant que je fasse quelque chose qui ait un impact positif. En tout cas sur le continent. Et c’est pour ça que l’idée de ARED est arrivée.

On appelle ça l’héritage que je veux laisser. C’est ça l’idée de ARED. Enfin c’est ça une des idées derrière ARED.

Et le problème de la pauvreté, c’est un problème qui va augmenter avec la population qui va doubler d’ici à 2050. Aussi avec les problèmes climatiques qu’on va connaître de plus en plus, donc c’est un problème qu’on doit vraiment adresser, et on ne peut pas attendre le gouvernement à adresser ces problèmes. Donc moi je me suis dit pourquoi pas. Parce que j’adore résoudre les problèmes. ça c’est une autre chose à propos de l’entreprenariat: tu dois vraiment aimer à résoudre les problèmes. Je me suis dit: « bon, comme j’aime résoudre les problèmes, quel est le plus gros problème que je peux résoudre? »

Et j’ai choisi le combat contre la pauvreté.

FPL: Et c’est un très beau combat; et quand vous parlez des problèmes finalement en matière d’entrepreneuriat, là où il y a un problème il y a un marché. Et vous, vous mélangez vraiment résoudre le problème et en plus un problème qui impacte le monde et qui peut le rendre meilleur. Et ça c’est vraiment, je trouve, quelque chose d’important.

FPL: Ok donc, la dernière question c’est la question « Back in Time », c’est ma préférée. Imaginons que vous ayez l’opportunité de remonter dans le temps et vous vous retrouvez face à votre vous de 18 ans. Vous n’avez que cinq minutes avant que le portail temporel ne vous ramène au présent. Avec l’expérience que vous avez maintenant, que vous diriez-vous d’un point de vue pratique, quels plans ou conseils précis donneriez-vous à votre jeune alter ego pour réussir. Qui n’implique pas d’acheter des billets de Loto ou d’investir en Bourse, parce que ça serait trop facile.

HN: Non, non, simple, très simple: sois patient et fais tes recherches avant de te lancer dans une entreprise. ça c’est les deux choses que je me dirais à moi. Le reste, j’aime bien le fait qu’on apprend petit à petit, mais ça ce sont les deux choses que le « jeune moi », j’aurais vraiment…j’aurais apprécié encore plus, ça aurait eu à un plus grand impact, si je peux dire, dans ma vie.

FPL: Tribu Digitale, vous l’avez entendu encore, soyez patients, faites vos recherches. Henri merci. Nous sommes maintenant arrivés à la fin de l’épisode et je sais qu’il y en a parmi vous, Tribu Digitale, qui hésitent encore à se lancer et j’espère que l’aventure de Henri vous inspirera à faire le grand saut. A ce titre, Henri, pour le mot de la fin. Que diriez-vous à nos auditeurs de la Tribu Digitale qui hésitent encore à se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat, ou qui se sentent bloqués. Si vous aviez un seul conseil à leur donner, quel serait-il?

HN: Une idée sans action, c’est comme une voiture sans roues, ça n’ira nulle part. Si vous avez une idée, faites, prenez une action et commencez ou sinon, tout ce que vous allez devenir c’est juste papoter et parler avec vos amis. Et vous n’avancerez jamais.

FPL: Tribu Digitale, lancez-vous, agissez, c’est maintenant. Henri vraiment merci. Ce fut un plaisir et un honneur de vous parmi nous aujourd’hui. Dites-nous simplement comment on peut rester en contact avec vous sur les réseaux sociaux. Et si vous avez une annonce à faire, la Tribu Digitale vous écoute.

HN: Bien écoutez, on est partout sur YouTube, Twitter, Facebook, Instagram et LinkedIn. Sous Henri (avec un « i ») Nyakarundi. Mais aussi sur Youtube, on poste, je poste beaucoup de vidéos pour aider les jeunes entrepreneurs, par exemple à trouver des fonds, quelques techniques qu’ils peuvent utiliser pour améliorer leurs entreprises.

FPL: Tribu Digitale, vous venez d’entendre Henri Nyakarundi partager avec vous son expérience et ses conseils. C’est à vous de jouer maintenant. Rejoignez-nous sur RévolutionDigitale.fr et tapez « Henri » dans la barre de recherche, vous aurez accès à sa page dédiée avec toutes les informations et les références dont nous avons parlé aujourd’hui. Et bien sûr n’oubliez pas de visiter la page d’Henri sur ared.com: a-r-e-d.com et de le suivre sur Twitter et sur tous ses réseaux sociaux à henrinyakarundi. En un mot je pense, Henri,  henrinyakarundi en un seul mot?

HN: Oui, oui et on a aussi un site, j’ai un site Internet personnel henrinyakarundi.com.

FPL: Henri, merci encore d’avoir partagé votre aventure avec la Tribu Digitale. Au revoir, et je vous retrouve en backstage.

HN: Merci François pour tout.

LES POINTS À RETENIR

1. NE VOUS POSEZ PAS TROP DE QUESTIONS, LANCEZ-VOUS! Il n’y aura jamais de bons moments de toute façon.

2. SOYEZ PATIENT ET FAITES BIEN VOS RECHERCHES. Connaissez votre domaine et votre marché, étudiez ceux qui ont du succès.

3. PRÉPAREZ-VOUS MENTALEMENT LE PLUS POSSIBLE. Vous serez d’abord seul; comprenez que c’est une bataille à long terme.

ABONNEZ-VOUS AU PODCAST!

OUTILS MENTIONNÉS

Vous trouverez ci-dessous toutes les références des resources mentionnées durant l’épisode!

APPLIS

Liste des applis mentionnées durant l’épisode.

LIVRES

Liste des livres mentionnés durant l’épisode.

Ces êtres que rien n'arrête (Cynthia Kersey)

« Unstoppable: 45 Powerful Stories of Perseverance and Triumph from People Just Like You »

Audible

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AUTRES

Autres resources mentionnées durant l’épisode (événements, sites web, etc.)

ARED

« African Renewable Energy Distributor », le site du kioske solaire d’Henri.