Leo Denes
Fondateur de Australiance / Co-fondateur Startup&Angels
Leo Denes a choisi l’Australie pour mettre en oeuvre sa passion: connecter et aider les entreprises à atteindre plus vite leurs objectifs. Tombé amoureux du pays et de sa qualité de vie lors d’une année d’échange en 2002, il décide d’y revenir et s’installe à Sydney. En 2010, parce qu’il comprend l’importance cruciale d’un bon réseau lorsque l’on s’installe dans un nouvel environnement, il crée Australiance. Cette structure de soutien aux expatriés dans un premier temps, affine rapidement ses services et offre désormais un accompagnement des entrepreneurs et entreprises souhaitant se développer en Australie.
Décidé à faire d’Australiance un incubateur d’entreprises internationales en Australie, notre invité lance également en 2016 Startup&Angels, afin de connecter entrepreneurs et investisseurs en Asie.
Pour rester en contact:
La Lettre Privée Tribu Digitale
01:34 Intro – Le rêve australien
07:13 Projet du Moment – Australiance, Startup&Angels, pour réaliser votre rêve australien
13:14 L’Appel à l’Aventure – Entrepreneur vs. Businessman
17:10 Les Tribulations – La fin du visa
20:50 La Révélation et le Triomphe – Patience et détermination
25:05 Les Questions Flash
35:26 Le Bouquet Final – Choisir le bon timing pour se lancer
Transcription complète de l'épisode
Transcription réalisée avec l’aide d’Happy Scribe
François Paul Lambert: Notre invité d’aujourd’hui a choisi l’Australie pour mettre en oeuvre sa passion: connecter et aider les entreprises à atteindre plus vite leurs objectifs. Tombé amoureux du pays et de sa qualité de vie lors d’une année d’échange en 2002, il décide d’y revenir et s’installe à Sydney. En 2010, parce qu’il comprend l’importance cruciale d’un bon réseau lorsque l’on s’installe dans un nouvel environnement, il crée Australiance. Cette structure de soutien aux expatriés dans un premier temps, affine rapidement ses services et offre désormais un accompagnement des entrepreneurs et entreprises souhaitant se développer en Australie. Décidé à faire d’Australiance un incubateur d’entreprises internationales en Australie, notre invité lance également en 2016 Startup&Angels, afin de connecter entrepreneurs et investisseurs en Asie.
Tribu Digitale, c’est avec beaucoup de plaisir que j’accueille aujourd’hui Leo Denes. Leo Bonjour!
Leo Denes: Bonjour François!
FPL: Merci d’être avec nous aujourd’hui. Est-ce que vous êtes prêt à nous inspirer?
LD: J’espère, j’espère, je vais faire de mon mieux.
FPL: Génial. Leo, je viens de donner un tout petit résumé de qui vous êtes à la Tribu Digitale. Voulez-vous y rajouter quelque chose? Et avant de nous parler de vos projets, est-ce que vous pouvez nous donner un petit aperçu de votre vie personnelle et de votre background?
LD: Oui moi je suis effectivement à Sydney en Australie, depuis presque 11 ans. J’y ai rencontré mon épouse qui est française il y a six ans et nous avons désormais deux bébés, franco-australiens. On vit dans les quartiers Est de Sydney, donc pas très loin de la plage mythique d’Australie, qui s’appelle Bondi Beach. Donc on est très heureux d’être ici, même si ça comporte effectivement des désavantages comme la distance avec la famille.
FPL: Vous êtes parti là-bas il y a pas mal d’années, maintenant. Mais alors pourquoi est ce que vous avez choisi l’Australie?
LD: L’Australie, la première fois que je suis venu, c’était effectivement dans le cadre de ma dernière année d’études à l’EM Lyon, où je devais faire un échange universitaire, et les principaux critères c’était – déjà, j’étais très mauvais en anglais, donc je voulais absolument partir dans un pays anglophone. Et puis aussi partir loin, pour être dépaysé, et puis je pense comme beaucoup de Français, j’avais cette image un petit peu idéale de l’Australie. Je ne sais pas pourquoi, pour dans notre imaginaire de Français, l’Australie c’est vraiment un pays mythique, et donc j’ai eu la chance d’être sélectionné pour cet échange en Australie. Et j’ai découvert l’Australie, qui a été une première magnifique découverte, et qui a rempli les deux objectifs, qui étaient les objectifs de dépaysement et d’améliorer l’anglais. Et par la suite, j’ai toujours voulu pouvoir y revenir et dès que dans ma carrière professionnelle, j’ai la chance de pouvoir demander une mutation à Sydney, donc ça c’était en 2007, je l’ai fait et c’est comme ça que je suis revenu.
FPL: C’est vrai que l’Australie, c’est vraiment un pays qui fait rêver. J’avais envie de vous demander: comment est-ce qu’elle est, la scène entrepreneuriale, en Australie?
LD: La scène entrepreneuriale: ce qu’il faut savoir c’est que c’est un pays où la majorité de l’économie est générée par des PME. Il y a énormément d’entrepreneurs, dans toutes les différentes industries, que ce soit notamment la construction, il y a même la finance, il y a beaucoup de conseillers en patrimoine par exemple qui sont indépendants, des brokers etc. Donc c’est un terreau, je dirais, déjà propice à l’entrepreneuriat. Et ensuite, ce qu’on voit émerger, c’est la scène startup, ou la scène essentiellement tech startup, donc toutes les entreprises qui vont développer des software ou faire du e-commerce via leur site internet. Donc nous c’est vraiment dans cette scène-là qu’on évolue. Tout à l’heure vous parliez de nos événements startup&Angels. Typiquement, c’est le type d’entreprises qui viennent présenter à ces événements, et nos clients plus petits. Donc c’est un écosystème aujourd’hui qui est grandissant. Il y a plusieurs effets à ça, mais je dirais que c’est: un, c’est pays qui est relativement libéral, donc encouragement entrepreneuriat, il y a un accès aux capitaux qui est en train de, qui augmente et qui se facilite, je dirais, avec l’apparition de pas mal de fonds d’investissement qui s’intéressent aussi aux projets neufs, donc ce qu’on appelle les Early Stage Startups. Donc pays relativement libéral, croissance intéressée dans l’innovation, donc ouvert à changer la donne, si la startup, la nouvelle entreprise, l’entrepreneur apporte quelque chose de différent qui va leur permettre de gagner du temps ou économiser de l’argent dans la value proposition. Et puis voilà l’accès, cet accès aux capitaux, donc on le voit de différentes façons, notamment des exonérations fiscales qui ont été annoncées le nouveau (enfin, plus si nouveau que ça) gouvernement de Malcolm Turnbull. Tout ce qui est fonds d’investissement, donc les fonds de pension, les fonds de retraite, les superannuation funds, qui aujourd’hui commencent à regarder de plus en plus pour investir dans des sociétés innovantes.
FPL: Alors justement, parlons un peu de ces projets, de vos projets du moment. Alors il y a Australiance, il y a Startup&Angels, vous l’avez mentionné. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus à propos de ces projets. Et si vous pouviez nous dire comment vous générez vos revenus, et pourquoi vous avez choisi ce ou ces business model.
LD: Du coup nous on est vraiment aujourd’hui une société de services. Donc en termes de services, donc la façon dont j’essaie de la résumer le plus facilement possible, mais en gros on a vraiment aujourd’hui trois types de types de services: premier type de service, c’est les activités de conseil. Donc celles par lesquelles nous avons effectivement commencé, qui sont du Conseil aujourd’hui beaucoup en accompagnement à l’implantation de sociétés internationales, typiquement des grosses tech startups, essentiellement des entreprises de software mais pas que, qui veulent rentrer sur le marché australien ou au niveau de l’Asie-Pacifique. Et aujourd’hui nous on les accompagne, sur est-ce qu’il y a un marché pour vous, quels pourraient être vos éventuels partenaires, concurrents, les aider sur le pricing. Et après les aider dans l’exécution de leur, ce qu’on appelle go to market stratégie, comment rentrer sur ce marché. Donc ça c’est je dirais nos activités de conseil. Donc aujourd’hui on s’adresse, donc vous me parliez des modèles existants: aujourd’hui on parle à un certain nombre de French Tech sur leur entrée ici, et on voit quand elles peuvent avoir un gros potentiel d’innovation, vraiment un beau marché et généralement elles sont assez bien reçues chez nos différents contacts ici. Et donc nous ce qui est assez excitant, c’est que chacun de nos clients c’est quasiment une nouvelle création d’entreprise. Donc vraiment, moi je ne me lasse jamais de venir travailler. J’ai pas l’impression de travailler. Donc ça c’est l’aspect conseil. On fait aussi un petit peu de coaching professionnel, pour aider à, cette fois-ci, l’individu qui veut venir travailler en Australie, et continuer sa carrière.
Ensuite le deuxième pilier de nos activités, et qui est l’activité qui a sans doute le plus grossi au cours des douze derniers mois, c’est nos activités de talent acquisition. Donc je dirais c’est du recrutement, à notre façon, où on va connecter, on va dire des candidats australiens avec des entreprises étrangères, qui veulent venir s’implanter ici, ou des candidats internationaux avec des entreprises australiennes qui n’arrivent pas à trouver ces types de profils sur le marché australien. Donc là on est encore au niveau boutique, mais on a une trentaine de clients aujourd’hui dans cette activité de recrutement.
Et enfin, notre dernière partie qui est la partie vraiment plaisir, mais qui nous permet aussi de réaliser notre value proposition sur les deux piliers précédents, c’est les évènements. Pour moi, je dis la partie plaisir, parce que c’est pas la partie la plus rémunératrice de notre business, mais ça nous permet justement, pour ces entreprises qu’on aide à s’internationaliser, de les faire découvrir dans de nouveaux marchés. Aujourd’hui nos événements ont rassemblé 1.500 personnes, on a dû faire 16 événements, à ce jour dont les deux plus gros, qui s’appellent B2B Rocks, ce sont des conférences annuelles qu’on fait à Sydney, on réunit un peu plus de 200 personnes à chaque fois. Et après, nos plus petits événements, Startup&Angels, qu’on opère aujourd’hui maintenant à Sydney, à Singapour, au Cambodge à Phnom Penh. On a fait une première édition en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Port Moresby, en fin d’année dernière. Et là on est en train de lancer, la semaine prochaine on lance Melbourne. Ça nous permet effectivement de mettre en lumière des entrepreneurs, donc des gens qui sont en phase de lancement ou en phase de levée de fonds, avec d’autres entrepreneurs ou de futurs entrepreneurs, ainsi que des investisseurs qui sont à la recherche de nouveaux à projets financer.
FPL: Tout ça est vraiment très complet. Alors justement, est-ce que vous avez peut-être un petit conseil pratique à donner à la Tribu Digitale, pour celles et ceux qui souhaiteraient se lancer sur le marché australien?
LD: Alors, conseil rapide… Je dirais que comme dans toute création d’entreprise, mais ce que je dirais c’est que, bien que les Australiens soient très avenants, que c’est un pays qui est relativement facile à pénétrer par rapport à l’autre, les Australiens sont pas des bisounours, de un, et deux, je pense que sur les aspects budget, aussi, il faut bien se renseigner parce que c’est un marché qui peut être onéreux, dans le sens où le coût de la vie, le coût des salaires est relativement cher. Donc quand vous voulez faire du business ici, ce qui est bien c’est que vous allez pouvoir pratiquer des prix potentiellement supérieurs qu’ailleurs, mais aussi ce qui veut dire qu’avant que vous trouviez votre premier client, vous pouvez brûler pas mal d’argent. C’est vraiment ce que je dirais. Il y a plein d’autres conseils que je pourrais donner, comme faites bien votre étude de marché, employez des gens ou passez par des gens qui sont déjà sur le terrain, parce que eux peuvent vous donner accès à des contacts beaucoup plus rapidement que vous auriez jamais si vous passiez pas déjà deux ou trois ans dans le pays où vous étiez pas un expert mondial dans votre activité.
Mais si je devais en retenir un: c’est attention sur des problématiques de budget notamment, parce qu’on a vu quelques projets arriver en Australie, et puis en fait au final, au bout de six mois, un an, réaliser qu’ils n’avaient toujours pas fait assez pour que l’entreprise soit pérenne et qu’ils avaient brûlé leur mise de départ, leur investissement.
FPL: Tribu Digitale gardons ça à l’esprit, car nous allons maintenant explorer le parcours entrepreneurial de Leo, son aventure en tant qu’entrepreneur. Le voyage qui l’a amené là où il est aujourd’hui. Alors Leo, commençons par cette question: nous l’appelons l’Appel à l’Aventure. Quand est-ce que vous avez su au fond de vous que vous vouliez devenir entrepreneur? Et si vous ne vous êtes pas lancé tout de suite, qu’est-ce qui vous a retenu?
LD: Quand est-ce que j’ai senti que j’étais un entrepreneur, je pense que ça, ça remonte potentiellement au collège ou au lycée, quand vous dites: je veux changer les choses, donc je vais être délégué de classe et je vais essayer de changer un peu le statu quo. Après en parallèle du lycée, je me suis lancé, j’étais manager d’un groupe de rock avec mes copains. Moi je ne savais pas jouer de la musique, donc j’essayais de leur trouver des dates dans des bars. Notre xxx, c’était quand on avait fait la première partie de Pascal Obispo au Zénith de Nancy. En fait pour moi entrepreneur, être entrepreneur et être businessman, c’est c’est presque deux choses différentes. Quelqu’un qui entreprend, c’est quelqu’un qui a ça en lui. Donc aujourd’hui on en parle par exemple de concept d’intrapreneur. Moi je me reconnais aussi pas mal là-dedans, parce que même quand j’ai bossé dans des grandes boîtes de Price Waterhouse Cooper à l’époque, je m’occupais de l’équipe de foot, d’être campus manager pour mon ancienne école, de faire un tas de choses en plus. Donc je pense que c’est potentiellement quelque chose plus dans un trait de caractère. Donc après ma première entreprise, c’est-à-dire à mon compte, que j’ai voulu monter, c’était quasiment directement à la sortie de l’école, donc après mon expérience australienne, quand je suis rentré en France et via mon projet de fin d’études pour l’école, donc je pourrais en parler plus longuement, mais en gros ça a pas très bien marché, du moins je l’ai développé sous la forme d’une association, j’ai dû faire un prototype. Et en fait la raison pour laquelle j’ai arrêté, c’est que mes parents on dit: Écoute, si tu fais ça, nous on te soutient pas du tout, parce que t’as fait une grande école, il faut que tu fasses une carrière comme les autres etc. Et financièrement mon projet était moyennement viable, pour être honnête. C’était plus social que viable. Donc ça a été une très bonne très bonne expérience. Donc voilà, après je suis rentré dans les rangs, et j’ai attendu le moment opportun pour cette fois-ci refaire le point avec moi-même, trouver l’idée, et surtout, voilà ce que je dirais, c’est que ça part d’une vision. Et même si aujourd’hui Australiance, Startup&Angels, ce sont des choses qui ont évolué au cours de la route, pour moi la vision originale de mon business, et du pourquoi je me lève tous les matins, et du pourquoi je vais continuer cette quête jusqu’à ce que je sois dans un mur, c’est parce que j’ai le sentiment de faire des choses que d’autres entrepreneurs, d’autres entreprises ne font pas et qui est d’aider à des entrepreneurs, d’aider des professionnels à se réaliser en venant en Australie. Ou demain pour nous là ce qu’on est en train de regarder, en changeant de location, de géographie en Asie-Pacifique. Ou même aujourd’hui, l’autre type de clients qu’on a de plus en plus, c’est des sociétés australiennes donc encore une fois des grosses startups, qui veulent sortir de l’Asie-Pacifique, et aller en Europe. Donc nous on crée vraiment ces passerelles-là. Et donc je dirais, le but de notre entreprise et comment on se réalise nous, c’est en permettant à d’autres entreprises professionnelles de réaliser leurs rêves.
FPL: On dit souvent que le chemin de la réussite est semé d’embûches. Enfin, il est semé d’embûches. Alors Leo, parlez-nous un peu maintenant de votre pire moment en tant qu’entrepreneur. L’échec c’est quelque chose qui revient souvent dans les discussions chez les entrepreneurs. Dans certaines cultures, l’échec est plutôt vu comme un vecteur de la réussite. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça, Leo? Et racontez-nous quel a été votre pire moment en tant qu’entrepreneur.
LD: Il y a beaucoup de moments difficiles. Mon pire moment c’était pendant la première année d’Australliance. Ce qu’il faut savoir c’est que après on va rentrer dans les différentes problématiques et voir ce qu’est un terreau fertile pour mener un projet à bien, mais j’étais un peu parti avec une idée et pas nécessairement un business plan cadré. En gros au bout de sept mois je me suis rendu compte que par rapport à mes deux contraintes, l’une financière, ce qu’il faut savoir c’est que quand vous créez une société vous ne faites pas de l’argent dès le premier mois et donc en gros mes réserves financières arrivaient vraiment dans le rouge après sept mois. La deuxième contrainte était que j’étais sur un visa qui allait se terminer le 6 décembre. Et moi je me suis rendu compte vraiment fin août début septembre que je n’arriverais pas à retourner la tendance dans le temps qui me restait. D’ailleurs en trois mois je ne voyais pas comment j’allais pouvoir générer 70 à 80 mille dollars, ce qui était requis pour moi pour pouvoir prétendre à un visa pour pouvoir rester en Australie et continuer à vivre mon aventure tout en continuant à payer mon loyer. C’était un moment hyper dur. Il se trouve qu’à cette époque là j’avais trois étudiants de l’EM Lyon qui venaient d’arriver depuis un mois et demi qui bossaient avec moi sur le contenu du site, les premières interviews etc. C’était un moment hyper sympa parce que c’était ‘la start-up’, on bossait depuis ma cuisine, pas loin de la mer. On bossait dur mais c’était une bonne ambiance. Par conséquent le soir je n’arrivais pas à dormir parce que je me disais : comment vais je m’en sortir ? quelles sont mes options? C’est une situation qui a été très marquante personnellement, car il était possible de tout abandonner, de potentiellement continuer comme ça puis de rentrer en France et continuer à essayer de développer un projet sur l’Australie depuis la France mais ce n’était pas viable. J’ai envisagé ‘d’acheter du temps’ en prenant un student visa à la fin de mon Working Holiday Visa tout en travaillant sur le côté pour payer mes études et mon loyer en parallèle etc.. Il n’y a pas vraiment de bonne solution. Mon conseil est de préparer votre budget pour pouvoir sauter ou développer votre projet en parallèle (soirs et Week End) de votre boulot actuel si vous voulez développer votre société.
FPL: Tribu Digitale, préparez vous bien, planifiez vos ressources financières, développez un budget. Léo, qu’est ce qui c’est passé ensuite? Quand est ce que les choses ont commencé à basculer en votre faveur? J’ai aussi envie de dire quand est ce que votre business a commencé à fleurir et si vous pouvez nous raconter quelles sont les actions qui ont contribué à cette réussite? racontez nous cette histoire.
LD: Encore une fois la réussite pour moi ne se mesure par forcément sur des aspects monétaires. Comme je le disais, l’échec peut se mesurer sur le manque de fonds.
FPL: Pour revenir à la question, qu’est ce qui vous a fait basculer?
LD: J’ai pris mon mal en patience et surtout je pense que j’ai une détermination à toute épreuve. J’ai repris un boulot à temps plein qui me donnait un visa et un salaire et qui me permettait par rapport aux deux contraintes que j’avais de pouvoir continuer en Australie. Par contre ça me prenait la plupart de mon temps. Cette phase a duré quatre ans. Durant celle ci Australiance a grandi, j’ai mûri et ça nous a permis, de remplir cette première value proposition qui était de donner de l’information et du conseil aux personnes qui voulaient s’expatrier en Australie, de couvrir pas mal de cas de figure, d’enrichir l’offre, et développer le product to market fit : quelles solutions on peut développer pour répondre aux besoins de notre cible?J’ai eu cette période de quasiment quatre ans où j’ai beaucoup bossé mais qui m’a aussi permis d’affiner l’offre et aussi de mettre ma détermination, ma motivation à l’épreuve pour le jour où je me sentirai prêt, le jour où j’allais devenir résident permanent Australien. Depuis je n’ai plus à me soucier de l’aspect des visas. Entre temps j’ai personnellement acheté un appartement. Ce qui est assez difficile à faire une fois que l’on est devenu entrepreneur à son compte etc. Les banquiers préfèrent lorsque vous êtes salarié. Tout cela m’a forcé à créer un business model rentable. Pour une boîte de services c’est très difficile de lever des fonds en tant que tel. Je n’ai pas le choix il faut que la boîte soit dans le vert tous les mois, et que je puisse payer le staff tous les mois. L’objectif c’est de continuer le développement tout en étant positif au niveau cash flow.
FPL: Tribu Digitale, soyez patients, soyez déterminés à explorer toutes les pistes, ne quittez pas votre job tout de suite. Si vous pouviez résumer la ou les leçons clés que vous retirez de cette expérience quelle serait-elle? En quelques mots, que pensez-vous de la Tribu Digitale de vous retenir comme leçon de votre expérience?
LD: Dans mon cas je dirais qu’il faut être passionné par le sujet, que vous soyez ou non un expert sur le problème que vous essayez de résoudre. Je ne pense pas aux solutions miracles, je pense qu’il faut malheureusement dédier beaucoup de temps et de focus. Et puis l’autre chose c’est un peu comme on disait en terme de planning et d’organisation, surtout si on doit accumuler un job à temps plein, la famille, les aspects sociaux etc. Comment s’organiser pour faire avancer un projet, ne pas le mettre en pause trop longtemps et surtout le jour où on a des clients, de faire le meilleur boulot possible pour que ces clients puissent continuer à vous utiliser et devenir vos premiers ambassadeurs.
FPL: Tribu Digitale trouvez un sujet qui vous passionne, organisez-vous bien, donnez vous le temps. Léo, nous sommes maintenant arrivés à la partie des questions flash. Je vous pose une série de questions en rafale et vous me répondez en allant à l’essentiel ; est ce que vous êtes prêt?
LD: Oui !
FPL: Super. Quelle est votre définition du succès?
LD: Le succès c’est d’être fier de ce qu’on fait, aussi que toutes les personnes qui puissent utiliser vos nouveaux services qui travaillent à vos côtés, soient élogieux et content d’être à vos cotés.
FPL: À quoi ressemble votre journée-type? Avez vous peut être une routine que vous pratiquez tous les jours?
LD: En ce moment j’essaye de venir le plus souvent possible en vélo ou en courant au boulot de bonne heure, c’est l’été à Sydney donc ça marche bien. Dans les transports je suis sur je suis sur mes mails et je planifie ma journée. Ensuite arrivé au boulot j’essaye de ne pas être tout de suite en meeting ou au téléphone pour écrire les points clés de ce que je dois faire dans la journée et ensuite généralement ma journée s’enchaîne assez vite parce qu’on a, ou des meetings en interne avec l’équipe sur les différents sujets, ou différents rendez vous clients. Mes journées passent très vite elles sont toujours bien remplies. J’essaye un maximum de planifier et d’utiliser mon temps intelligemment et j’ai beaucoup travaillé ces dernières années à dire non à pas mal de choses.
FPL: Si vous deviez recommander un livre pratique quel serait il et pourquoi?
LD: J’en ai pas mal à recommander mais je ne les ai pas tous terminés. Il y en a un qui est vraiment bien qui s’appelle “Les 4 Disciplines de l’Exécution”. C’est un livre qui raconte que dans pas mal d’écoles de commerce et d’écoles en général on nous forme à la stratégie, à penser à la stratégie mais en fait jamais dans l’éducation vraiment on parle d’exécuter cette stratégie. Et donc comment travailler sur les points clés et ses objectifs mois par mois pour arriver au end goal de ce que l’on essaie de réaliser (les objectifs de l’entreprise). C’est un livre qui est plutôt bien fait et qui justement rappelle que l’on ne peut parcourir 50 lièvres à la fois et qu’il faut choisir ses batailles.
FPL: Quels outils ou appli productivité ou autre, technologique ou pas, utilisez-vous régulièrement?
LD: Alors là on en a une longue liste ; celle que l’on utilise le plus en interne c’est Slack qui est un outil de collaboration interne qui nous permet de communiquer avec notre équipe en direct et aussi certains de nos clients qui sont dans notre hub sur différents sujets. J’utilise aussi quelque chose qui nous a fait gagner pas mal de temps, C’est un logiciel de comptabilité en ligne qui s’appelle Quick Books qui est vraiment très bien fait pour ce qui est des aspects compte. On utilise aussi un CRM qui marche pour nous mais je dirais que c’est assez important aussi pour n’importe quel business d’avoir un Customer Relationship Management tool. Aussi ça nous permet de gagner pas mal de temps dans la relation avec nos clients et d’avoir des fiches clients et d’y intégrer avec nous nos emails, ce qui permet, si demain moi je ne suis pas là, de laisser la possibilité à mes collègues de savoir quels sont les derniers emails qu’on a pu envoyer à un client. On utilise également la suite Google pour à la fois les mails, le calendrier, le partage des documents dans Google Drive. Ça nous permet de mettre des documents Word en ligne et de travailler dessus à la fois. Après je pense que pour moi qui suis beaucoup en déplacement le téléphone. Le smartphone est devenu un vrai outil de travail, mon deuxième cerveau.
FPL: Un CRM que vous recommandez particulièrement pour ceux qui sont déjà lancés?
LD: J’en citerai deux. Nous utilisons Bitrix 24, qui marche relativement bien pour nous et qui est beaucoup moins cher qu’un Salesforce, et qui a pas mal de fonctionnalités notamment des fonctionnalités en management de projet, et qui est illimité mais qui nécessite un peu de temps à apprivoiser et à implémenter. Nous avons pris une bonne année puis on découvre toujours et on se rend compte qu’il y a encore pas mal de choses qu’on pourrait faire en plus avec cet outil-là. L’autre, qui a l’avantage d’être gratuit sur certaines fonctionnalités, mais si vous êtes en démarrage c’est HubSpot. Il a une partie basique qui est la plus importante au début, qui est d’avoir un répertoire client et de pouvoir mettre des reminders sur quand les rappeler, l’historique des échanges etc. C’est mieux que d’avoir un tableau Excel.
FPL: Super merci pour ça, alors, qu’est ce qui vous inspire ou vous passionne en ce moment?
LD: En personnel c’est de voir grandir mes enfants dans un environnement qui est assez sympa par rapport à mon projet. J’ai plus grandi dans l’Est de la France avec des hivers un peu rude etc. Quand je vois au mois de février au même endroit que j’emmène mes enfants à la plage de weekend… ça me fait plaisir ! C’est important que j’arrive à passer de plus en plus de temps avec ma famille et mes enfants. Sur le plan du business, j’ai beaucoup de chance car je suis vraiment passionné par ce que je fais et je pense que l’entrepreneuriat d’une façon générale ça donne vraiment, au delà du fait d’avoir ses propres horaires, la liberté de choisir avec qui on travaille. Que ce soit ses collègues, ses employés, son lieu de travail ou ses clients. Ça rend les choses vraiment sympa. Aujourd’hui j’ai dû voir trois ou quatre clients et passer du temps avec eux et c’est vrai que l’on est dans une entente cordiale où on a pas besoin de se mentir on a pas besoin de faire des promesses non tenues. Moi j’ai horreur de faire des promesses que je ne peux pas tenir. Et je pense que par rapport à mon ancienne vie de salarié, j’ai beaucoup travaillé en conseil, où tous vos clients attendent que vous soyez un peu Superman que vous bossiez jusqu’à minuit, pour eux c’est normal parce qu’ils payent un consultant. Et aussi un nouveau salarié en France, où l’on est un pion sur un échiquier. C’était une semaine j’étais à Montluçon, une semaine j’étais à Valence, une semaine j’étais à Paris et je suis plus dans mon appartement et alors c’est pas grave. Je pense que c’est une chance d’avoir créé une entreprise à mon image qui me permet de faire les choses que j’aime pour des personnes que j’apprécie et je pense que ça créer un cercle vertueux.
FPL: Et la dernière question, c’est la question Back in Time. Imaginons que vous ayez l’opportunité de remonter le temps et vous vous retrouvez face à votre vous de 18 ans vous n’avez que cinq minutes avant que le portail temporel ne vous ramène au présent avec l’expérience que vous avez maintenant que vous diriez vous. D’un point de vue pratique, que feriez-vous différemment? Quel plan ou conseils précis vous donneriez-vous pour réussir plus efficacement et qui n’implique pas d’acheter des billets de Loto, des paris sportifs ou d’investir en Bourse?
LD: J’ai 38 ans quand j’avais 18 ans c’était l’apparition des ‘.com’. Ce que j’aurais fait différemment, je pense quand même que essayé de continuer à faire des études mais j’aurais très vite essayé de travailler dans une startup. Je pense que je me serais aussi mis plus au code. Je pense que si j’ai un conseil à donner aux générations dessous de la mienne c’est vraiment d’essayer de coder afin de pouvoir être le plus indépendant possible. On voit dans tout ce qui est tech start up, l’IT c’est le nerf de la guerre. Ne pas avoir nécessairement lancé mon propre business mais d’avoir rejoint des business jeunes en train de se monter pour apprendre plus de façon pratique que académique comme j’ai pu le faire.
FPL: Tribu Digitale apprenez la programmation c’est un atout qui vous sera utile si vous vous lancez dans un business dans le futur. Léo, merci beaucoup c’est déjà la fin d’épisode. Merci d’avoir partagé ces informations avec nous. Tribu Digitale j’espère que vous avez bien pris note. Je sais qu’il y en a parmi vous qui hésitent encore à se lancer et j’espère que l’aventure de Léo vous inspirera à faire le grand saut. Léo, pour le mot de la fin, que diriez vous à nos auditeurs de La Tribune digitale qui hésitent encore à se lancer en tant qu’entrepreneur, qui se sentent bloqués. Si vous aviez un seul conseil à leur donner quel serait il?
LD: Mon conseil serait de développer ce qu’on appelle un MVP. Si vous avez une idée qui vous tient à cœur et que vous avez envie de tout quitter pour le faire, c’est cette approche qu’on appelle bootstrap ou lean startup, c’est de développer avec le moins de fonds possible un prototype de ce que vous devriez faire et d’essayer de trouver votre premier client avec ça. Ça ne veut pas dire ne pas le faire, ça ne veut pas dire quitter votre boulot tout de suite, ça veut dire essayer au plus vite en deux, trois ou quatre semaines de lancer un prototype beaucoup plus faible de ce que vous voulez faire. Les vrais objectifs c’est de voir dans un premier temps si quelqu’un est prêt à payer 1 euro, 10 euros, 100 euros, 200 euros votre produit ou service. Et deuxièmement est ce que ça vous a fait plaisir de vous lancer et d’en être arrivé là, sans avoir potentiellement déjà quitté votre boulot. Car si vous vous rendez compte que finalement ça vous plaît que moyennement et que travailler soirs et weekend et que vous préférez être devant la télé ou à la piscine : ne quittez pas votre boulot pour cette idée là. Le jour où vous pensez que c’est la bonne idée, Vous le saurez quoi. Enfin la bonne idée, le bon timing et un marché qui vaut la peine de faire pas mal de sacrifices au niveau financier investissements etc.
FPL: Vraiment, merci c’est vraiment un plaisir et un honneur de vous avoir parmi nous aujourd’hui. Avant de nous quitter, dites nous comment rester en contact avec vous sur les réseaux sociaux ou si vous avez une annonce à faire. La Tribu digitale vous écoute.
LD: Le meilleur moyen de rester en contact avec moi c’est déjà de suivre Australiance et Startup&Angels sur Facebook ou LinkedIn vous pouvez me retrouver sur Twitter sous le nom de ‘Sydenes’ (La contraction de Sydney et de mon nom de famille) Et puis après vous pouvez me contacter sur LinkedIn, qui est le réseau professionnel le plus développé en Australie. Je pense que la plupart des auditeurs de la Tribu Digitale connaissent LinkedIn. Quand vous me contactez, dites moi pourquoi vous me contactez. Et puis après si vous avez des idées de business que vous souhaitez créer ou exporter en Australie, on est là pour vous écouter et vous accompagner du mieux possible, fort de notre expérience de bientôt onze ans en Australie et d’avoir accompagné maintenant des cinquantaines de projets entrepreneuriaux et des centaines de projets d’expatriation en Australie.
FPL: Tribu Digitale, vous venez d’entendre Leo Denes partager avec vous son expérience et ses conseils, c’est à vous de jouer maintenant ; rejoignez nous sur Révolution digitale.fr est tapez Léo dans la barre de recherche vous aurez accès à sa page dédiée avec toutes les informations et les références dont nous avons parlé aujourd’hui. N’oubliez pas de visiter la page de Léo sur www.autraliance.fr/.com et de le suivre sur ses réseaux sociaux Facebook, LinkedIn et Twitter. Merci encore d’avoir partagé votre aventure avec la Tribu Digitale au revoir et je vous retrouve en backstage.
LD: Merci, au revoir François !
B2B ROCKS STARTUP AWARDS
B2B Rocks, la première conférence B2B et SaaS en Australie revient pour sa 3ème édition. L’événement aura lieu le jeudi 9 août 2018, de 9h à 18h, au siège de Lendlease à Barangaroo.
Cette troisième édition australienne de cette série de conférences de renommée internationale rassemblera plus de 25 conférenciers venant de startups et d’investisseurs leaders dans le B2B et le SaaS, donnant des conférences de 20 minutes et des tables rondes de 40 minutes sur les technologies perturbatrices (IoT, VR , Solutions Cloud …), les succès, les échecs, le growth hacking, la mondialisation, les crypto-monnaies et l’avenir du travail. Cette année, nous attendons jusqu’à 500 participants de haut profil (60% de fondateurs et d’entrepreneurs – 10% de capital-risque et d’investisseurs – 30% de C-Levels et de cadres issus de grandes entreprises).
Vous pouvez déjà acheter votre billet et profiter de notre prix « early bird »: 199 $ au lieu de 299 $! Offre limitée aux 50 premiers billets!
1. SOYEZ PASSIONNÉ ET ORGANISEZ-VOUS LE MIEUX POSSIBLE. Que vous soyez expert ou pas, vous avez décidé d’offrir une solution à un problème, dans un domaine qui doit vous passionner. Vous devrez y dédier beaucoup de temps et d’énergie, donc autant qu’il vous fasse vibrer! Organisez-vous, planifiez de manière optimale le développement de votre projet, faites le avancer, sans le mettre en pause trop longtemps. Et donnez votre maximum pour vos clients, qui seront vos premiers ambassadeurs.
2. DÉVELOPPEZ UN « MVP ». Votre Minimum Viable Product est votre meilleur allié. Si vous avez une idée qui vous tient à coeur, que vous envisagez de tout quitter pour la lancer, ayez une approche Bootstrap ou Lean Startup: développez votre prototype (produit ou service) avec le moins de fonds possible, et essayez de trouver votre premier client sur cette base. Ne vous précipitez pas en quittant votre job tout de suite, mais testez, en un court laps de temps, votre prototype. Et voyez s’il intéresse quelqu’un, qui est potentiellement prêt à vous payer pour cela. Étudiez bien la possibilité d’un marché. Voyez si déjà, ce premier pas vous fait plaisir, vous saurez alors si vous pouvez continuer, et faire le grand saut.
3. APPRENEZ À CODER. Mettez-vous au coding, afin d’essayer d’être le plus indépendant possible car, tout particulièrement dans le domaine des Tech Startups, l’IT est le nerf de la guerre. Et si vous ne voulez pas lancer tout de suite votre propre projet, commencez par rejoindre une startup ou une jeune entreprise en train de se monter, pour apprendre de manière pratique, sur le tas.
4. SI VOUS VOULEZ VOUS IMPLANTER EN AUSTRALIE. Faites bien votre étude de marché, préparez soigneusement votre budget: le coût de la vie y est élevé. Et n’hésitez pas à vous appuyer sur des contacts déjà sur place, ayant l’expérience de terrain, comme Australiance.
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